Sur La Minervoise.
Normalement, comme l’indique son titre, ce blog est là pour raconter l’histoire de la Ténor de Camberoque, et cette histoire se passe, au moins, en deux temps : histoire ancienne, et actualité.
Alors, tandis que l’actualité progresse peu à peu, au fil des séances de clé de douze (ou de treize, à moins que ce soit de trouze, je sais plus…), l’évocation du passé fait ressortir un tas de souvenirs, comme aujourd »hui avec cette affaire de route minervoise…. Cramponnez-vous, on y va….
Camberoque, le photocycliste motographe, fait le malin, avec ses photos, comme celle du début de ce blog où on le voit faire le beau sur cette fameuse Minervoise, au guidon de sa Kawa trois pattes. Déjà, si vous pouviez zoomer sur l’image, vous verriez qu’il avait aux pieds les fameuses « Clark Desert Boots ».
Notez aussi qu’il a l’encolure du blouson largement ventilée, qu’il n’est pas évident qu’il ait des gants (je parierais plutôt le contraire), mais que la déco du casque est originale (merci Jean-Paul) et qu’il a de vrai lunettes Climax, comme les pilotes de GrandPrix.
Outre ce que je vous dis sur la tenue du pilote, notez le frein avant à tambour. On en reparle plus loin
Bref, un sacré mix entre la tenue de ville et une vraie tenue de motard (cuir ou Barbour, comme on veut…).
Et vas-y que j’attaque. Gaffe au baiser sanglant de Sainte Gamelle ? que nenni ! ! !… mêm’pas peur…
On imagine plutôt la discussion avec le type chargé de prendre la photo.
Oui ? vous y arrivez à imaginer ça ?
Ah, ce Camberoque, quel cabotin! Mais notez qu’il n’est pas chien, et qu’il prend aussi ses copains en photo.
Depuis quelques temps, il a plongé au fin fond de ses archives et en a ressorti plein d’images qu’on avait oubliées, grâce à quoi, nous passons tous à la postérité via le web.
Merci, Charles.
Joe Bar Team: Photo Guillaume Collet
Et cette Minervoise, alors? on en parle ou quoi ? Voilà, voilà,… J’y viens…
(sur des images du Maître, retouchées par le Maître, qui en porte la responsabilité, mais si vous pouvez identifier les pilotes, allez donc les poursuivre…)
D’abord, on ne va parler que des 5 ou 6 premiers kilomètres, sachant qu’au-delà, cette route porte encore ce nom justement parce qu’elle traverse toute cette belle région du Minervois jusqu’à Béziers.
Mais on aurait pu l’appeler la Montagnarde car elle raccorde aussi vers la Montagne Noire et Mazamet.
Mais, on ne va pas discuter: la « Minervoise », c’est bien… un peu comme « Moutain Circuit » à l’ïle de Man, vous savez? le TT…
Le « fighting spirit », c’est dans la tête : en 1968, rouler sur la Minervoise, pour nous, c’était tirer la bourre avec les stars des GP….
Ensuite, c’était aussi le trajet pour aller voir Camberoque, dont les parents avaient une justement une maison à chaque bout de ce fameux tronçon.
D’où son intérêt,… tout son intérêt.
Enfin, parce que c’était aussi le terrain de jeu favori de nombre de motards carcassonnais (et aujourd’hui? faudra aller voir ça, tiens, en rentrant de Tahiti…).
Et d’ailleurs, c’est là que j’ai entendu mon premier solo de mégaphone pour monocylindre, joué par une 125 Terrot (déjà).
Une ETD ou à peu près (pardon Mickie, mais à l’époque, on n’y connaissait pas grand’chose…) maniée par un illustre inconnu du quartier qui venait régulièrement faire un petit passage (aujourd’hui, il parait qu’on dit un « run »…), juste pour la musique.
Je me souviens que sa selle était un vague bout de ferraille avec un morceau de pneu dessus, pour le « confort ».
Mais son mégaphone, ah… mes aieux….
Stoner, de passage à Carcassonne pour un entrainement secret sur le circuit de nos 20 ans, vient se placer sur la grille de départ de notre circuit de la route Minervoise. Le vieux magasin Motobécane de Pierre Pieters est transformé depuis longtemps en Bar Karaoké ! Grandeur et décadence…
Alors, voilà, supposons : Vous êtes le dos à la Gare SNCF de Carcassonne, comme si vous descendiez du train, sauf que vous êtes sur votre moto préférée, forcément, sinon, à quoi ça servirait?…
Devant vous, vous découvrez le Canal du Midi. Traversez-le, et tournez à gauche le long de l’hotel Bristol. Continuez une centaine de mêtres. Stop, vous voilà sur la grille de départ.
A votre gauche, donc, le canal. Tout contre lui, la route sur laquelle vous êtes.
Les deux sont sur le point de passer sous la voie ferrée, chacun sous son arche du pont.
Enclenchez la première, montez le régime, le drapeau s’abaisse, c’est parti.
La meute hurlante vient de passer sous la voie ferrée…
Les rapports s’enchaînent. Le passage sous le pont de la la voie ferrée vous a renvoyé l’écho de votre bruit, très brèvement.
Vous avalez la ligne droite dans la lumière verte qui filtre entre les feuilles des platanes qui bordent la route et le canal.
Avec un 50cc, même débridé, c’est parti pour une longue séance de taquet.
Mais avec la Rallye, c’est déjà autre chose, et je vous dis pas l’autre, avec sa Kawa 500.
Selon le cas la vitesse varie du simple au double, sinon plus, alors, c’est pas la même chanson.
Rossi à l’entrée du grand S de la Someca: d’abord à gauche, et puis là-bas tout au fond, à droite entre les arbres… et sur votre gauche, là tout de suite, toujours le Canal dont on voit un petit bout du chemin de halage.
Les premières courbes à droites sont assez ouvertes, mais arrivé à l’entrée de l’ancienne usine SOMECA, dans ce vaste « S » gauche-droite, si le 50cc passait sans aucun souci, la Terrot Rallye nécessitait de gérer proprement la trajectoire pour pouvoir passer sans couper (120km/h).
Avec des bécanes plus rapides, vous êtiez bon pour gérer un joli freinage.
Chaud devant: ça ne rigole pas…
Et vous voilà donc dans ce long « S », d’autant plus intéressant, que votre bécane est rapide.
Je me suis promis d’aller vérifier ça un de ces jours avec ma 1200 FJ, et si je crains les radars, je crains encore plus le grain de folie qui va me prendre, pour sûr…
A moins que… ben oui, quoi…, les platanes, les rails, les piétons,… tout pour plaire, non?
Allez ! Mêm’ pas peur, qu’on vous dit…
Le S se renverse dans une longue courbe à droite, TGR (très grand rayon, très rapide), avant qu’arrive le « S » de l’écluse, bien plus serré, celui-là…
Phil Read fait lâchement l’intérieur dans le premier virage de l’Ecluse. « Tiens, jeune! Admire….! »
A partir de là, je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, car ça a un peu changé.
A l’époque, au niveau de cette écluse, la route faisait donc un S serré sur un pont, juste pour passer d’un bord à l’autre du canal.
Le 50cc freinait un peu, la Terrot déjà un peu plus et tombait un rapport, tandis que la Kawa 3 pattes devait perdre plus de 100km/h. Et ça balance, gauche-droite, et on rouvre à fond pour un joli bout droit.
Au bout du bout en question, on arrive au hameau du Pont-Rouge.
Virage à droite, assez lent, le long des maisons qui sont justement à droite. Question visibilité, ça craint… Et vous revoilà tout au bord du Canal, tout près, tout près…
Là, soit vous ne pensez qu’au chrono, soit vous faîtes un peu le touriste à cause de l’ouvrage d’art qui permet au Canal du Midi d’enjamber la rivière Fresquel juste après lequel on trouve 2 nouvelles écluses.
Quand vous y passerez, vous aurez juste le temps d’y penser tout en montant vos rapports…
La route et le canal franchissent ensemble le Fresquel, dont on aperçoit le reflet plus bas sur la gauche. Et voilà la première des deux écluses.
Donc, sur le pont et le long des écluses, gaz à nouveau, pour un bout à peine sinueux, en légère descente comme le niveau de l’eau du Canal qui descend lui aussi d’une écluse à l’autre.
Tiens ! le revoilà, lui…
Au bout de la ligne droite, la route remonte un peu et s’enroule dans un grand gauche bien tentant, autour d’un talus qui bouche la vue sur ce qui arrive du grand carrefour qui se trouve 300m plus loin.
Justement, Camberoque habitait au bout d’un petit chemin qui démarrait juste au pied de ce talus (celui sur lequel on essayait de monter avec la Sherpa), et le manque de visibilité rendait plutôt scabreuse la manoeuvre de bifurcation directe vers ce chemin.
Phil Read, à chacun de ses passage à Carcassonne, nous fait une belle démonstration de pilotage sur la route Minervoise dont il adore les virages !
Alors on a vite pris l’habitude de prendre ce grand gauche pour aller faire demi-tour au rond point du carrefour en question. Je crois bien que la photo de Camberoque sur la Kawa a été prise dans ce virage.
Valentino Rossi à adoré la grande courbe sur plus de 280 degrés du carrefour giratoire de Bezon. Il nous y a donné une belle leçon de pilotage. Merci Vale !!! Et pour ceux qui ne connaissent pas la région, les collines du fond sont en fait la Montage Noire, qui regorge de petites routes sinueuses à souhait…
Je me souviens que, dans le bout droit qui précède, la Kawa prenait plus de 180 (à l’époque, on ne parlait même pas de limitation de vitesse et encore moins de radar) alors que le virage ne passait pas à plus de 110, ou 120km/h, et il fallait freiner « velu ».
Sauf qu’après un tel freinage, le tambour d’origine était tellement cuit qu’il ne fallait pas attendre grand’chose de lui au rond-point.
Alors un jour, Camberoque a fait fait monter sa Kawa avec une fourche de 750 Honda Four avec son frein à disque, comme beaucoup l’ont fait, avant que Kawa ne se décide à abandonner le tambour pour le disque
Aujourd’hui, les puristes de la H1 préfèrent les versions à tambour, et parlent de « moto d’homme », sûrement à cause du courage dont il faut s’armer pour oser rouler avec un freinage aussi débile…
Pendant ce temps, la Ténor patientait déjà, plus ou moins oubliée dans son coin (elle y restera 30 ans environ), et on s’amusait donc aussi avec la Bultaco Sherpa de Castella. Celle-là aussi, faudra qu’on vous en parle…
Et n’oubliez pas que le parcours peut se faire aussi dans l’autre sens. Mais je vous laisse essayer d’imaginer ce que ça donne, et pour ceux qui auraient un peu de mal à y arriver, il ne vous restera plus qu’à aller voir sur place, comme l’a fait un jour Patrick le Marseillais, qui a célèbré un jour non seulement les routes, mais aussi le bon vin du Pays Cathare: http://pagesperso-orange.fr/curves.speed/magjuin01.htm. Et vous pourrez lire le reste aussi.