Remontage du moteur de la Ténor.
Remontage du bas moteur de la Ténor…
…Mickie et la fontaine de Jouvence…
D’abord il faut que je vous montre l’avant et l’après. Puisque j’ai plusieurs moteurs dont un qui reste encore à nettoyer et à microbiller, vous pouvez admirer le résultat sur la photo suivante:
Et puis il faut que je vous dise la satisfaction que j’ai eu à voir l’ami Mickie, toujours aussi distingué avec ses gants blancs, opérer le remontage. Cela représente une sacrée cure de jouvence pour mon petit moteur que j’ai vu quasiment renaître dans ses mains et c’est un peu comme si j’assistais à sa re-fabrication. Je ne pensais pas que ce serait aussi passionnant, aussi spectaculaire. Et tellement…émouvant finalement, que de voir la beauté de ces pièces mécaniques à nouveau brillantes comme si elles sortaient de la fonderie et ce, après presque 50 ans !
Avant le remontage il faut s’assurer que pas une des microbilles de verre n’est restée dans les filetages, ou tous les autres orifices qui ne doivent pas risquer d’être obstrués, pour permettre par la suite une bonne lubrification.
En effet, il faut rappeler que la grande particularité des moteurs Terrot concernait le circuit de graissage entièrement effectué sous pression et assuré par une double pompe à engrenages. Dans un entretien avec un journaliste de Moto Revue, à l’occasion du Salon de la Moto de 1958, Edmond Padovani, le grand ingénieur de chez Terrot, précisait :
« Nous avons encore amélioré le circuit de graissage en faisant arriver l’huile sous pression à l’arbre à cames. Ainsi tous les points vitaux : embiellage, culbuteurs, distribution, butée d’embrayage, reçoivent suivant leurs besoins, la quantité d’huile nécessaire à leur fonctionnement.
De plus, cette huile est très sérieusement filtrée. Les anciens filtres à huile au départ du réservoir et à l’aspiration de la pompe, ont été conservés et une cartouche filtrante disposée dans le réservoir d’huile a été ajoutée. Ce filtre, facilement accessible, est en nylon présentant une grande surface filtrante. Son tissage extrêmement fin a pu être adopté car l’huile qui le traverse est refoulée sous la pression par la pompe de retour. Enfin avant de passer au travers du filtre, l’huile est débarrassée des particules métalliques en suspension, captée par un piège magnétique incorporé dans la cartouche filtrante ».
Et oui ! Padovani parle de ce fameux filtre que j’ai malencontreusement fondu en démontant le réservoir d’huile en le chauffant exagérément (page mise en ligne en juin 08 et intitulée: » A poil ! « ) . Attention donc !!!
Mais c’est pas beau ça ?
La partie la plus délicate reste le remontage de la boîte à vitesses qui demande un sacré tour de main. Pour cela je vous recommande de laisser faire cette opération à un spécialiste comme Mickie car il me semble évident qu’un simple amateur de mécanique ne peut pas se risquer à ce genre de travail de précision. Moi, je serai bien incapable de le faire.
Côté boîte : des roulements neufs sont mis en place ainsi que la délicate trappe qui maintient une partie du mécanisme de sélection des vitesses. La pompe à huile en alliage de cuivre apparaît en haut à droite sur la photo ci dessus.
Grâce à sa petite clef spéciale fabriquée par the : Mickie Enginering Rechearch & Developpment Organisation – Worldwide Corporation , Mickie peut resserrer ce boulon de la boîte, inaccessible autrement. Sur la photo en haut à droite les divers outillages conçus ou modifiés par Mickie pour intervenir sur les moteurs Terrot.
J’adore ces images des pièces et outils sur l’établi qui deviennent comme des natures mortes.
Le ressort du kick revient à sa place.
Mise en place de la pâte à joints.
Un Mickie heureux ! Et oui, on connaît de grands moments de bonheur et de soulagement, quand on aime la mécanique !
La fameuse boîte à cassette des moteurs Terrot est en place. Je vous rappelle l’article de Jean Paul Augé sur la Modernité des Terrots ou il parle des particularités des boîte à vitesses Terrot et qui a été mis en ligne en juillet 2008: La modernité des dernières Terrot (4)
Ce n’est pas un Norton Manx ni le moteur prestigieux d’une mythique machine de course : mais le simple moulin d’une populaire des années 50 et moi, vu sous cet angle, je le trouve magnifique !
A la fin de la séance de mécanique qui peut résister à voir ce que ça donne, même si le haut moteur ne sera réellement monté que la prochaine fois…
Admirez sur la photo suivante ce bloc en forme de goutte d’eau qui était et reste une véritable réussite tant esthétique que technique. Et quelque part je ne le trouve pas si démodé que ça !
Dans un article publié en 1958 par Moto Revue à la sortie de la 125 Terrot Ténor, Jean-Claude Bargetzi soulignait « l’étanchéité du bloc-moteur qui restait absolument net après plusieurs tours du circuit routier et de l’anneau de Montléry, à fond ! ». Ce qui devait être suffisamment rare, à cette époque-là, pour qu’il le mentionne.
Et Bargetzi concluait son article en écrivant : « La 125 Ténor est une machine de classe internationale qui fait honneur à la grande firme de Dijon. Rapide, sobre, elle est aussi très silencieuse et peut être mise entre toutes les mains, car, malgré un rendement élevé, le moteur est étonnamment souple et ne nécessite en aucun cas de conduite spéciale. De même, son entretien n’est pas plus compliqué que celui d’une machine de tourisme quelconque, bien que les performances soient du niveau d’une mécanique de sport. »
Bon ça avance, ça avance…
Je vous donnerai peut être, bientôt, la recette du cassoulet…
Les photos publiées sur ce blog sont de Charles Camberoque .
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