L’oncle d’Amérique découvre la moto !
L’oncle d’Amérique découvre la moto !
Cette semaine, j’ai encore trouvé des vieilles photos du début du siècle dernier, elles me plaisent beaucoup, m’inspirent et me font rêver à ce que devait être le temps des pionniers de la moto outre-Atlantique. Et c’est amusant d’imaginer ce moment, où au pays des cow-boys, le cheval-vapeur est arrivé pour remplacer petit à petit les canassons à crottin.
Pendant qu’on faisait les premières courses de moto en Provence dans les côtes du Mont Ventoux et vers Paris sur les routes qui montent au travers des collines d’Argenteuil. (Voir article : « Déjà, des courses: il y a, 100 ans… »). Pendant qu’on tentait de battre des records de vitesse au Parc des Princes et que les motos fonçaient sur les lignes droites de la Sarthe : Notre oncle d’Amérique découvrait, lui aussi dans son nouveau monde : Les joies de la motocyclette !
Les débuts étaient quelque peu hésitants et les démarrages aussi difficiles que ceux que je connaîtrai, 60 ans plus tard en montant sur ma 125 Terrot Ténor pour la première fois. (Et que je vous racontais au début de ce blog, dans le 1er chapitre du 13 mars 2008 : « Ma Ténor retrouvée » ). Sur la photo ci-dessus, l’oncle avec son copain en chemise blanche tentent d’apprendre à un nouveau motocycliste, les subtilités de la coordination entre la manette d’embrayage et celle de l’accélérateur ! Ils rigolent bien ! On sent que la chose n’est pas évidente…Et nombreux sont les calages du moteur.
Et puis c’est le tour de notre sacré ancêtre. Heureusement que le copain est toujours là ! Ils s’appliquent et sont concentrés. La machine est superbe ! Toute neuve car elle sort de chez le marchand. Chez qui, on peut admirer, mais que sur catalogue, les dernières productions de Messieurs Harley et Davidson. 275 dollars : 6 mois de salaire d’un ouvrier ! 2 cylindres et trois vitesses, ce n’est pas de la gnognotte ! C’est ça l’Amérique en 1914 !
Avec un tel engin, on pourra sillonner toutes les routes de l’Etat pour aller voir le dimanche des courses dans les villes des environs…
Des courses qui se déroulent sur route, dans les banlieues des bourgs et les villages. Les spectateurs, circonspects devant ces furieuses machines restent prudemment à distance et sur la photo précédente, on peut se demander pourquoi un immense drap est tendu pour clôturer la route ? Peut-être pour écarter des curieux qui n’ont pas payé un ticket d’entrée ? Le busines déjà ?
Quelques années plus tard notre oncle s’est familiarisé avec la conduite des motos et il aime ça ! Tellement, qu’il se lance à son tour dans les compétitions… Sur Harley Davidson, bien entendu ! Après avoir peint son N° 8 avant de partir pour une course, il pose pour la photo, qu’il enverra à ces neveux en Europe.
Une dizaine de pilotes se préparent pour le départ. Les officiels sont là et expliquent la subtile signification des mouvements des drapeaux. La route n’est pas goudronnée. Ces premiers circuits semblent proches des pistes actuelles de super motard. Probablement sans la glisse. On dirait même que Charlie Chaplin est aussi présent avec son melon et sa redingote à droite de la photo précédente !
Sur un circuit cette fois en 1910 dans la petite ville de Hawthorne dans les pleines du midle-ouest, le départ est pris par 9 motards, dont un, se fait encore pousser. Sur la droite une tour de contrôle et toujours bien protégés derrière des barrières les spectateurs sont présents et endimanchés.
Au bout de quelques tours, 2 motos sont en tête et la lutte acharnée. La poussière de la piste vole, ce qui doit signifier peut être, que les plus fins pilotes se livrent déjà aux premières joies du dérapage. Les motos prennent une timide inclinaison en courbe mais loin de la ligne d’arrivée et de départ, peu de spectateurs sont au bord de la piste pour voir le spectacle.
Et puis c’est l’arrivée sur cette piste de terre qui ressemble plus à un hippodrome qu’à un circuit de courses mécaniques. Normal, vous me direz… Au pays des cow-boys ! Le hennissement des chevaux est remplacé par le rugissement des moteurs pour la plus grande joie des spectateurs pour qui les chevaux sont encore une occupation quotidienne. Trois motos se disputaient pour la première place et se suivent à l’aspiration. La position en limande des pilotes n’a pas suffi pour qu’ils se dépassent et seuls quelques mètres les séparent.
Les moteurs se sont calmés. Sur la photo du groupe des téméraires coureurs on ne voit pas encore de blouson de cuir ni de casque. Les pilotes sous leurs casquettes ressemblent plus à des jockeys qu’a des motocyclistes. Seule la cravache est absente et la moto est encore bien plus proche d’un vélo que de nos machines modernes.
Le vainqueur sourit… Et il lui manque une dent, probablement déjà perdue dans une chute !
C’était il y a une centaine d’année… Un dimanche, de l’autre côte de l’Atlantique.