Gérard Sellier et sa Terrot Lamontagne
Gérard Sellier et sa Terrot course ex R Lamontagne
Par Charles Camberoque
Gérard Sellier est un collectionneur heureux !
Il possède une 125 Terrot très particulière qui a été la machine de Roger Lamontagne, un coureur des années 50.
Roger Lamontagne était concessionnaire Terrot à Paris. Son magasin était situé au 50 de la rue du château Landon dans le X eme arrondissement.
La boutique de Roger Lamontagne en 1955 environ, Roger est à droite dans l’encadrement de la porte. Sur la vitrine, on peut lire Record du circuit de Bourgogne par Lamontagne sur Terrot
Gérard Sellier m’a envoyé une belle lettre ou il parle de ses souvenirs et de cette belle machine.
Ce récit est trop beau ainsi, c’est pourquoi je le publie et vous l’offre dans son intégralité.
Salut Charles,
Bon, je vais tâcher de faire court, et si tu veux un développement d’un moment, tu demandes.
1969, je dégote chez mes grands-parents une 125 ETM (j’ai alors 17 ans) pour remplacer le vélo qui me sert au quotidien. Rapatriement de l’engin (Terrot était un nom inconnu pour moi), dans ma banlieue nord et avec un copain, un tournevis et 3 clés plates, remise en route de la machine. Passage de la « licence » pour pouvoir piloter et découverte de la « boutique » de Lamontagne (le dernier à Paris) pour acheter quelques pièces. Ayant appris que Terrot avait été repris par Peugeot, j’étais directement allé me renseigner auprès de la marque du lion dans ses plus beaux locaux avenue de la Grande Armée, et miracle, j’avais obtenu l’adresse.
Les machines étaient aussi bien rangées qu’en 55…. le long d’un trottoir qui n’était que poinçonnement de béquilles et traces d’huile.
J’ai poussé la porte et fait la rencontre du bonhomme, ours impressionnant mais plein de bonne humeur et de malice, le cigare à la bouche y compris au dessus du 1/2 jerrycan US plein d’essence pour nettoyer les pièces….
Il n’était pas chien avec l’étudiant fauché que j’étais et lors de mes nombreuses visites, il lui arrivait d’oublier de facturer une pièce.
La 125 Terrot de Gérard Sellier
Cela m’a permis de remettre en route ma 125 à petit prix…. et de passer des heures à discuter, notamment de cette machine de course cachée derrière la porte et qui narguait tout visiteur à sa sortie, toute de noire vêtue et arborant une plaque de concurrent n° 59.
J’ai petit à petit tout su d’elle, les jantes italiennes, les bracelets Saker, le réservoir d’huile modifié et quelques indices sur la préparation moteur, mais à la question « Elle n’est pas à vendre ? », la réponse est sortie dans un éclat de rire « Ah, ah, ah, mon p’tit pote, elle a même plus de carbu…. », en gros discussion close !
Notre amitié s’est renforcée au fil du temps, et j’étais très fier d’aller « aux pièces » à Fontainebleau ou pour assister à une partie de chasse à Villers-Cotterêts emporté tambour battant dans sa grosse Ford Capri grise.
1972 : rencontre avec ma chère et tendre (Roger l’adorait, il n’avait pas eu de fille et elle était morvandelle !) 1973 : armée, 1974 : mariage ….. et en 79 / 80 il a commencé à fermer son échoppe, surtout faute de pièces, et c’est tout naturellement qu’à chacune de mes visites il a pris l’habitude de me donner de l’outillage, des machines plus ou moins complètes, des pièces…. mais pas question de toucher à la 59, c’était un sujet tabou !!! Vieux machin….!!!!
Finalement un jour, il me l’a proposée, car un client pressant s’y intéressait. … et c’était Thierry, mais je ne l’ai su que bien plus tard.
Je l’ai payée 2000 F, sans carbu, alors il m’en a acheté un neuf, mais pas aussi performant que l’original, à son avis !
C’est par camionnettes et remorques que j’ai emmené tout ce qu’il m’a donné jusqu’à ce qu’un cancer l’emporte en décembre 87.
Tout est resté stocké dans une maison de campagne jusqu’en 94 où mon fils m’a demandé s’il était possible d’en faire tourner une et le virus m’a repris, tout d’abord sur mes stocks car il n’y avait pas alors de refabrications, puis l’engouement général pour les anciennes a rattrapé mon artisanat solitaire. Les premières « vraies » restaurations ont été celles de ma vieille ETM, et simultanément celle de la 59. Tournant à l’huile de ricin pure, j’ai passé des heures à nettoyer tous les conduits de lubrification.
Avec mes enfants nous totalisons 3 participations aux Coupes à Montlhéry, et c’est là que Thierry est tombé en arrêt (il n’y a pas d’autre mot) devant la machine qui lui était passée sous le nez plus de 20 ans auparavant. Je le revois encore la désignant du doigt et affirmant « C’est celle de Lamontagne ! » Eh oui, Thierry, elle n’avait pas disparu.
La plus grande difficulté aujourd’hui est de faire tourner ce petit 125 trop bruyant au goût des voisins, et les sorties sont d’autant plus rares que notre petit coin de campagne possède une forte densité de gyrophares bleus…
J’ai maintenant 57 ans, en inactivité car ancien d’EDF, et je consacre mon temps libre à refaire mes machines, surtout celles des autres, mais également à transmettre mon savoir à des jeunes croisés au détour du net.
Je ne suis pas spécialement attiré par les machines de course, la 59 est la seule que je possède, mais tu sais maintenant la charge sentimentale qu’elle représente, y compris pour mes enfants qui ont connu Roger.
J’ai donc un certain nombre de machines, du Lutin à la 500, mais tout en après-guerre. Les avant-guerre, je les refais pour les autres et ça suffit à mon bonheur.
Voilà, Charles, tu en sais un peu plus aujourd’hui, mais l’important ce n’est pas moi, ce sont ces gars admirables qui osaient piloter des Manx ou des Vélocette en pull au ras des trottoirs ou rester au guidon d’une 125 durant 24 heures !
Gérard Sellier
Mars 2010
Effectivement, Thierry Philippon (grâce à qui j’ai été en contact avec Gérard) se souvient bien de Roger Lamontagne « qui était originaire du Morvan et avait un très fort accent Morvandiau ».
Thierry revoit encore dans sa mémoire cette boutique où en entrant, il y avait à droite cette 125 Terrot et à gauche la splendide Rallye du fils Lamontagne.
Roger Lamontagne sur une Terrot plus ancienne à Montlhéry
On était en 1966 et Thierry émerveillé découvrait aussi pour la première fois la 175 Terrot Rallye !
C’est ainsi qu’il acheta alors sa première Rallye d’occasion.
Le père Lamontagne ne courrait plus mais le fils avait à son tour préparé une 175 avec un réservoir d’Ital Jet. La partie cycle était d’origine, mais il avait monté des commandes reculées et un garde-boue avant en tôle inspiré de celui des premières Honda de Grand Prix. Une bécane de toute beauté vendue par la suite à un moto-club Parisien.
En son temps Roger Lamontagne courrait sur Vélocette et sur Terrot et comme il en vendait dans son magasin, il avait probablement récupéré des pièces à l’usine de Dijon : Des pistons, des ressorts de soupapes et des soupapes, entre autres…
Dès 1950, on peut noter de bons classements pour Lamontagne, sur le circuit de Dijon, ou il finit 2 ème en 350cc et surtout 1er en 500cc sur Terrot. Puis, la même année à Clermont Ferrand, il termine 1er en 500.
La machine de Gérard Sellier n’est pas une ETD, mais un moteur d’ETM dans un cadre d’EDV (l’assemblage est donc de 56). Le moteur et réservoir ayant déjà équipé un cadre ETM en 1950.
Dans sa dernière version (EDV + ETM), Cette belle petite moto aurait participé au Bol d’Or 1958 avec le n°60 (Gérard a la plaque). D’après des comptes-rendus d’époque ce serait sur une ETDS que Lamontagne et Beaupré aient couru. Mais cette info semble une coquille dans le compte-rendu ou une mauvaise info. En effet pour Gérard Sellier, Lamontagne disposait à cette époque des cadres EDV ou EDL, pourquoi aurait il toujours utilisé un ETDS obsolète…..????
Et Gérard ajoute : « Le scrapbook Moto Revue, raconte également des soucis d’éclairage sur leur machine, alors que la mienne en était dépourvue et que Roger, devant mon étonnement m’a raconté que pour tourner de nuit, ils « s’accrochaient » du mieux qu’ils pouvaient aux plus grosses machines qui les dépassaient… Seul un éclairage du numéro par une petite lampe navette était présent ».
Ce qui est certain c’est que les Etablissements Lamontagne ont préparé plusieurs Terrot.
Preuve en est, les différentes versions qu’on trouve dans des revues et bouquins affirmant toutes, que c’est la machine du Bol !
Lamontagne avait également récupéré la moto de Jean Béra, lorsque ce dernier arrêta de courir.
Et, quoi qu’il en soit, Lamontagne et Beaupré ont bien terminé le bol d’Or de 1958, en parcourant 1611, 212 kms à la moyenne de 67,133.
C’était la seule machine inscrite en 125… mais enfin, elle a terminé avec un parcours honorable pour l’époque.
Je remercie Gérard Seller et Thierry Philippon pour ces photos, leurs souvenirs et commentaires qui nous permettent de mieux appréhender et surtout de voir une machine populaire de course et d’époque.
C’est certain que cela va donner envie à beaucoup de restaurateurs de coursifier ce modèle qui est bien courant dans sa version d’origine et que l’on peut trouver dans toutes les bourses et à un prix pas très élevé.
Ne manquez pas de m’envoyer des photos si vous vous lancez dans une telle reconstitution.
Qu’on se le dise : Claudine Ansel vend un side ZUNDAPP KS 750.
Une bien belle machine. Elle en demande dans les 25 000 euros.
Si vous voulez la contacter vous pouvez passer par l’intermédiaire de ce blog.
Very neat article post.Much thanks again. Much oblied.
Ultimately, a dilemma that I’m passionate about. I have looked for data of this caliber for the previous various hours. Your internet site is greatly appreciated.
Je suis vraiment désolé mais je ne retrouve pas cette adresse.
Mon ancien ordi est mort et j’ai tout perdu ce qu’il’y avait. Elle devait y être dedans.
Re Bonjour après quelques recherches j ai vu que vous aviez répondu l année dernière à une personne en lui donnant les coordonnées de cette personne pour le side car.pourriez vous me le communiquerafin d en savoir un peu plus.merci d avance.ou la ville ou cette personne habite.
Cela fait 6 ans que j’avais passé cette annonce pour ce side !
Mais je n’ai pas eu la moindre nouvelles depuis…
Bonjour je vous contact pour savoir si le ks 750 est tpujours d actualite ?merci d’avance pour votre réponse
Pour le moment on ne sait pas trop ce que ce moteur a de particulier.
Gérard Sellier a proposé de le démonter avec Thierry Philippon pour analyser ses particularités. Mais cette exploration reste à faire et sera l’objet d’une prochaine page sur ce blog.
Bonjour. Article super interessant!!! Merci.
Est-il possible d’avoir des precisions sur la configuration du moteur?
Merci
Salut,
Super article. Tu m’avais caché ça…
Gérard (qui, si je ne m’abuse est aussi un des piliers du forum du Terrot-club de Ballancourt où sévit également Mickie…) devrait pouvoir éclaircir un point obscur qui remonte à 1969 à l’occasion de la reprise du Bol d’Or à Montlhéry. Tu te souviens Charles des heures que nous passions à lire Moto-Revue à cette époque, et dans les mois qui ont précédé le Bol, nous avions eu la surprise de lire dans la liste des inscrits qu’une Terrot 175 devait participer, avec comme pilotes Gossart et Lamontagne. Mais l’affaire fit manifestement long feu, car le moment venu, pas de Terrot au départ. Gérard pourrait peut-être nous en apprendre un peu plus.
Et à propos de ces concessionnaires Terrot, qui ont continuer à travailler sur ces machines après l’arrêt de la production vers 1961-62, je me souviens de celui de Marseille, Mr Gaillardot à qui j’avais fait régler ma Rallye en 1971. Il faudra que je vous en reparle.
Et tant qu’à faire, je signale que j’ai acheté ma Rallye à un habitant de Laure-Minervois, où se trouve le circuit de moto-cross dont il a déjà été question dans ce blog. Et elle porte encore le décalcomanie du concessionnaire « Ets Zuccarato » à Rieux-Minervois.
Il va falloir enquêter un peu sur tout ça…