La 500 Terrot RSGT « Bistro Racer » de Braceletti
500 Terrot RSGT « Bistro Racer » de Braceletti
Par Jean-Paul AUGE
Ah! Je vous vois déjà d’ici, perplexes devant ce titre. Allez, j’explique.
1. Il est donc question d’une Terrot, jusque là, pas de souci, tous les lecteurs de ce blog savent qu’on n’est pas ici pour parler de pêche à la ligne. Et la RGST fait partie des dernières 500cc produites par la firme jusqu’au milieu des années 50. On est donc bien dans notre élément.
2. Bistro racer, ça surprend un peu plus. Mais pas d’affolement, c’est juste pour donner un côté un peu plus franco-français à l’expression bien connue : Café Racer, qui désigne en général une moto de série, de préférence une anglaise, modifiée en vue de lui donner l’allure d’une moto de compétition. J’ai bien aimé l’idée de franciser le terme.
3. Quand à Braceletti, celui dont on parle ici n’a rien à voir avec le personnage bien connu des lecteurs de la BD Joe Bar Team. Rien à voir, non, le nôtre s’appelle en fait Olivier et utilise ce nom comme pseudo quand il s’exprime sur le forum du Terrot Club Ballancourt, ou « forum du TCB » (http://www.terrot.org/discuss.htm).
OK ? tout le monde suit ?
Et c’est donc en allant parcourir ce forum que j’ai appris qu’Olivier, dit Braceletti, avait entrepris de transformer une vénérable RGST en respectable café-racer, heu.. pardon : bistro-racer. Comme on ne peut pas lire le contenu du forum du TCB sans s’y inscrire, ce que tout le monde n’a pas envie de faire, Charles et moi avons eu l’idée de vous faire profiter de l’aubaine. Merci donc à Braceletti de nous avoir permis d’utiliser ses photos, ainsi qu’à Philippe, l’administrateur du forum du TCB
Et maintenant, vous allez voir ce que vous allez voir…
Alors voilà. A la base, si on se réfère à la documentation de l’usine Terrot (trouvée sur le site La Mémoire TERROT-DIJON http://terrot.dijon.free.fr/), la RGST, c’est ça :
Je préfère ce dessin « d’origine » à la photo d’une machine restaurée, comme ça il n’y pas de contestation possible. Et puis, quoi, j’ai toujours aimé ce genre de dessin, je l’avoue
Déjà à l’époque, ça faisait un peu vieillot, plus proche du style des années 30 que de celui des années 60. En tous cas, déjà un peu décalé par rapport à ses contemporaines, comme cette Norton Dominator de 1956, non seulement rutilante, mais également plus « moderne » avec son cadre Featherbed double berceau à suspension arrière oscillante et non plus coulissante, et sa selle biplace. Rhâââ, je veux la même…
Mais l’ami Braceletti ne manque pas d’imagination, ni d’audace, et sa RGST à lui est devenue ça :
Ah, je vois que votre pupille gauche se dilate un tantinet : c’est quoi, c’t'engin?
Mais,… je sens bien que vous ne voyez pas encore tout-à-fait où je veux en venir, et je vais vous aider encore un peu. Pour ça, je vous propose de jeter un œil à une autre machine, telle que je l’ai découverte dans les magazines de mon adolescence à la fin des années 60, soit près de 15 ans après l’arrêt de la production de la RGST :
Et ça, ça n’est rien moins que la glorieuse Velocette 500 Thruxton, une anglaise emblématique entre toutes. Alors? Vous ne sentez pas comme une certaine parenté entre celle-là et la RGST de Braceletti ? Moi, si…
Bon, si vous n’êtes pas d’accord, laissez courir et attendez un prochain article. Mais si j’ai réussi à piquer votre curiosité, alors, maintenant que les présentations sont faites, on va passer aux détails.
Pour monter son café-racer (j’aime bien ceux qui disent aussi: « torréfier une moto»), Braceletti a su faire preuve d’un joli mélange de bon goût, d’habileté, et d’économie de moyens.
Merci à Charles qui a joué eu philatéliste fureteur pour nous dénicher un timbre pas si ancien que ça (2002) consacré à la RGST
Bon goût car le pari était audacieux à plus d’un titre. Non seulement il fallait oser lever la main sur la vénérable ancêtre en s’écartant de l’orthodoxie d’une stricte restauration fidèle au sacro-saint « état d’origine », mais tant qu’à faire, il fallait éviter tout dérapage intempestif, et s’en tenir à une autre orthodoxie, peut-être plus exigeante encore, celle de la « torréfaction » (décidément, j’aime cette expression :…) . Pour ma génération, ça tient en quelques termes simples: guidon bracelets, commandes reculées, selle dosseret, carburateur à cornet, garde-boue alu, et quelques autres détails de la même veine… Mais justement tout est dans la justesse des choix
Habileté parce que le travail est très propre, toute la moto jusque dans tous ses détails a été revisitée, nettoyée, fignolée, astiquée, bichonnée comme jamais. Plus d’un an de boulot si je m’en tiens au déroulement des articles qui se sont succédés sur le forum du TCB. Au final on dirait que la machine sort d’un atelier de pro.
Economie de moyens enfin, car en fait, le résultat reste encore très proche de la machine d’origine, qui semble n’avoir subi que quelques modifications et n’avoir reçu qu’un nombre très limité de pièces spéciales.
Allez, encore une vue d’ensemble avant de passer aux détails :
Que dire d’autre : un truc pareil, ça tue ! !
Je vous laisse savourer. Pour la petite histoire, vous allez apercevoir plusieurs détails de couleur verte. Du propre aveu de Braceletti, c’est du vert Kawasaki, juste pour énerver…Comprenne qui veut ! !
Après, je vous laisse admirer, et pour ceux à qui ça ne suffira pas , rendez-vous après les photos pour un petit récapitulatif du travail réalisé, vous verrez que ce n’est pas rien
Pour les plus curieux, voilà donc la liste des modifications
Partie cycle
- selle dosseret alu sur faux châssis ar
- guidon bracelets alu
- fourche raccourcie de 2.8 cm ,+tarage ressort,+modification hydraulique ( joint spi), chromage des tube (chrome dur) pour présentation de la fourche sans les tôles
- garde boue av et ar alu
- réduction de la chasse de 3 ° sur la colonne
- modif tôlerie du réservoir sur la partie ar
- réalisation des ancrages de commandes reculées frein et sélecteur avec biellettes
- « nettoyage du cadre » pour alléger du superflu des divers pattes et bourrelets superflu
- compteur et compte tours cylindrique inox électroniques avec température d’huile
- roue et frein origines
- pneu k81
la partie cycle gagne ainsi 27 kg
Moteur
- conduits de culasse retravaillés & polissage
- 34 mm pour l’admission
- 54 mm pour l’échappement
- allègement et polissage de la culbuterie
- polissage chambre de combustion
- affinage et polissage bielle
- reprise au tour des masses de vilo , équilibrage, polissage
- retaille arbre a came (chez techni-profil ), diagramme admission + 35%, diagramme échapp + 38%
- carburateur AMAL 32 mm
- echappement origine (j’aime pas trop faire de bruit )
- allumage origine
- circuit electrique en 12 volt
Puissance: entre 30 et 35 cv en restant fiable et ultilisable
Plus tous les petits détails de finition que vous débusquerez par vous-même sur les photos…