Moto-cross de Carcassonne 1972
Moto-cross : Circuit de la Cavayère Carcassonne 1972
1 ère partie
Et ne manquez pas les pages Moto-cross à Bédarieux
Texte et photos de Charles Camberoque
Reproduction interdite sans l’accord de l’auteur.
En 1972, l’U.M A, l’Union des Motocyclistes Audois organise une épreuve sur son nouveau circuit de la Cavayère.
A quelques kilomètres de la ville de Carcassonne après le village de Monredon, une piste de moto cross avait été récemment aménagée. L’emplacement est intéressant car le public peut suivre l’ensemble du parcours depuis la périphérie du circuit qui est essentiellement tracé en fond de vallon.
Cet avantage constituera toutefois, en cas de fortes pluies, un inconvénient majeur. La preuve: depuis bien longtemps ce circuit a été abandonné et la municipalité a profité de cet espace pour y créer un lac artificiel qui recueille l’eau de ruissellement des collines environnantes. Et ça s’appelle : « Carcassonne Plage » !!!
Cela en dit long sur l’humidité qu’on pouvait trouver sur la partie la plus basse de ce terrain. Surtout après de fortes pluies comme ce fut le cas au premier jour de cette compétition.
Tout en me souvenant de cette période, j’ai une pensée émue, chaleureuse et nostalgique pour André Cambiès qui était un des dirigeants de l’UMA, notre club.
Il s’occupait de nous avec une disponibilité et une gentillesse qui rassurait nos parents, tous inquiets de nous voir adhérer à un moto-club avant de connaître Monsieur Cambiès. On l’adorait car il participait avec nous à toutes les sorties sur sa D75 Motobécane bleue. Il était très proche de nous, ses jeunes lièvres.
Et tous, nous l’appelions respectueusement, Monsieur Cambiès.
En ce jour de la course, Monsieur Cambiès était catastrophé par les pluies torrentielles qui avaient gâchées le premier jour de cette compétition. Mais, en même temps, c’était la fête de la moto et il était heureux comme un gosse. Comme les gamins que nous étions.
Les essais du samedi se déroulent sous la pluie et sur une piste détrempée.
Martial Andrieu, Grand historien de la ville de Carcassonne qui offre par Internet le fruit de ses recherches à tous les passionnés de la ville de Carcassonne, vient de m’envoyer l’affiche de cette compétition et la liste des engagés.
Et ne manquez pas d’aller lire régulièrement son blog: http://histoiresdecarcassonne.blogs.lindependant.com/
Dans le bas du circuit, une boue collante bloque quasiment les roues des motos.
Les pilotes sont recouverts d’une couche de cette argile pègueuse à souhait.
Lucien Campet se souvient encore de cette course sur sa Chenay ou les gardes boues et les roues s’étaient presque bloquées par les amas de terre boueuse et lourde.
Comme pétrifiés par cette glaise les pilotes se mettent à ressembler à des statues vivantes
Plusieurs évènements, en plus des courses 250 et 500, vont marquer cette première et peut être dernière journée de moto-cross sur le circuit de Carcassonne : Une course de side-car qui ravit les spectateurs par son côté spectaculaire et dont je reparlerais plus tard…
… Puis une manche du nouveau Championnat 125 qui a été créé en France cette année-là.
Le lendemain dimanche, le soleil est revenu. La piste sèche, du moins sur les hauteur du circuit. Les spectateurs arrivent enfin!
Franck Lucas, importateur Bultaco et manager de plusieurs coureurs est là avec, entre autres, un débutant en cross qui va participer au premier Championnat de France des 125. Et tout le monde est intrigué par ce petit jeune et talentueux pilote : Charles Coutard.
Charles est déjà connu pour ses exploits en trial malgré son extrême jeunesse.
Avec mes amis de la section du Moto Club de Carcassonne, les Jeunes Lièvres nous nous souvenons de lui pour l’avoir rencontré, il y a déjà plusieurs années,(voir dans les premières pages de ce blog), lors de la concentration des Chamois à Val d’Isère.
Alors qu’il devait avoir tout juste 14 ans, le petit Coutard trialisait sur un 50 Peugeot magnifiquement préparé comme une petite moto de trial par Claude, son père. Un des pionniers du trial en France.
A Val d’Isère, Charles faisait des centaines de mètres sur la roue arrière comme les grands, comme le grand Claude Peugeot, ce qui nous laissait éperdus d’admiration et d’envie.
Donc, en 1972 Charles Coutard se lance dans le Championnat 125 de moto cross.
Sur sa 125, une Bultaco bien entendu, Charly ne chôme pas.
Mais plus tard, il fera des infidélités à la mythique marque de Barcelone pour succomber aux charmes de Yamaha et aux multiples talents de persuasion de J-C Olivier…
Coutard, comme quelques autres, passe dans les grandes courbes en glissade des deux roues. Magistralement !
Tous ces jeunes pilotes compensent le manque de puissance des 125 par un pilotage très agressif et spectaculaire. En virage, ils dérapent beaucoup plus que leurs ainés qui ont des machines beaucoup plus puissantes et plus lourdes.
Les spectateurs adorent ces courses et on assiste à l’éclosion de nouveaux pilotes et peut être aussi à une nouvelle façon de piloter en moto-cross.
Pendant cette course, Jean-Claude Wolf, de Corbère les Cabanes, un voisin des Pyrénées Orientales, se tape une bourre mémorable avec Coutard.
« Wolf était un pilote doué qui n’avait peur de rien » se souvient F Lucas. Son pilotage était très volontaire, toujours en avant sur sa machine, il la couchait en la faisant glisser des deux roues avec une maitrise pas ordinaire.
Sur la photo, ci dessus, on voit son regard totalement concentré sur la sortie de courbe. Jean-Claude Wolf a aujourd’hui disparu mais laissera dans nos mémoires le souvenir d’un pilote extrêmement brillant.
Cote, sur une petite Husqy, un des autres animateurs de cette course, par son pilotage moins spectaculaire mais probablement plus efficace devancera Coutard qui terminera troisième.
1er Wolf, 2eme Cote, 3éme Coutard
La suite: La course des side-cars… à la prochaine mise en ligne….