Le Mans: les 24 h d’autrefois…
Le Mans: les 24 h d’autrefois…
Par Charles Camberoque
Entre les deux guerres mondiales, tandis que les courses de vitesse en moto sur le circuit de Carcassonne prennent fin, le circuit du Mans continue depuis 1923, à organiser des compétitions d’endurance de 24 heurs, avec les plus belles voitures d’alors.
J’ai trouvé une série de photographies de cette époque. Elles sont en bon état et toutes exceptionnelles par leur qualité. J’imagine que les photographes qui les ont pris étaient de grands professionnels de l’image photographique.
En ce temps-là, on ne faisait pas de photographies comme maintenant. Le matériel était gros encombrant et lourd. Qui plus est, il était difficile de faire des instantanés comme on en a l’habitude. C’est pourquoi ces images, où l’on ressent particulièrement bien toute l’atmosphère de la course, ont été probablement prises par un grand photographe.
Je suis content aujourd’hui de vous faire profiter de cette merveilleuse collection qui dormait paisiblement, dans une petite boîte depuis plus d’un demi-siècle !
Je n’ai pas la moindre information sur qui, peut bien être sur ces photos et si vous en avez merci de me les communiquer.
En regardant à la loupe ces images j’ai pu déterminer qu’il s’agit de courses au Mans, un des plus vieux circuit de France.
Les photos ont dû être prises sur plusieurs années.
Sur l’image ci-dessus j’ai retrouvé l’affiche qui figure en plusieurs exemplaires sur le mur derrière la voiture blanche.
C’est l’affiche de 1925. Donc nous avons là, entre autres, des images des premières éditions des 24 heures du Mans.
Michel Marqué me signale que le pilote au volant de la voiture blanche est Louis Wagner un pilote méconnu qui a pourtant un palmarès étonnant.
Pour certaines photos, on est peut-être en 34. Car on peut lire les résultats d’une course courue en 1932 et 1933, sur une publicité fraîchement peinte :
1932/1933 Rallye International de Monaco 1er Hotchkiss .
Tour de France automobile 1er Amicar Chenard Walker Talbot.
Tous avec le piston B.H.B
Mais Philippe Gaston Grümmer fils du carrossier qui avait carrossé cette Alfa confirme :
« Cette Alfa Romeo qui a gagné au Mans en 1933 dans sa catégorie avec Paco et Rousseau au volant
a été carrossée spécialement par le carrossier Gaston GRÜMMER de Clichy (mon père).
Et à ce sujet il faut annoncer que Philippe Gaston Grümmer et Laurent Friry vont publier un livre sur l’art de la carrosserie de son père, assurément un bouquin splendide et indispensable.
La couverture du futur livre sur Gaston Grümmer, ci dessus.
J’imagine… la veille de la course, les concurrents arrivent dans leurs superbes autos.
Dans la tranquille petite ville du Mans c’est l’événement !
On se précipite pour voir de près les voitures et les pilotes qui sont rassemblés pour la photo sur une place du centre.
Les enfants comme les adultes se sont endimanchés et n’hésitent pas à s’avancer près des véhicules pour poser pour le photographe au plus près des coureurs et des mécaniciens.
On sent, sur ces photos, qu’on est bien à la veille d’une grande épreuve, d’une joyeuse fête de l’automobile.
Casquettes, chapeaux et canotiers sont de sortie.
Le couvre-chef détermine la classe sociale de son porteur.
Certains gardent un sérieux de bon aloi, tandis que d’autres se marrent franchement ou prennent un air décontracté.
Les capots sont longs pour les plus grosses cylindrées et je rêve au mugissement de ces moteurs.
Les pilotes casquettes à l’endroit, casquette à l’envers sont parfois munis de grosses lunettes.
Ils portent costard et cravate pour la plupart et ne semblent pas êtres des fauchés.
Toutes les voitures portent déjà leur N° de course, bien visible en grand et en blanc.
Les plus prudents ont prévu des pneus et des chambres de rechange car, rouler sur les routes de cette époque impliquait de fréquentes crevaisons pour ces pneus qui ressemblent plus encore à des roues de vélo qu’a des pneumatiques de voiture de course.
Dans une cour de ferme, deux pilotes sont assis dans leur machine N° 44.
Près au départ, les lunettes remontées sur leur casquette, ils fixent l’objectif du photographe pendant la longue pose qu’il était nécessaire de faire à cette époque.
Dans la plupart de ces photographies, il est intéressant d’examiner les arrières plans :
Les affiches sur les murs des maisons, ici un type en chapeau haut de forme qui a l’air de conduire une charrette, là un camion qui doit dater de la première guerre et qui transporte des caisses de vin et de bouteilles.
Pendant ce temps les stand sont prêts et on fait quelques retouches à l’asphalte de qualité probablement médiocre qui recouvre la piste.
Plusieurs étranges engins sont garés dans le centre ville du Mans.
Ils sont composés d’une espèce de wagon en bois, surmonté d’un immense haut-parleur le tout tiré par un drôle de tracteur qui a un air agricole tout en étant chaussé de pneumatiques de route.
C’est une des douze voitures haut-parleur de « La Propagande Parlée » une société Parisienne (3 rue Caulaincourt Paris. Téléphone : Marcadet 22 75), qui sonorisait le circuit.
Le lendemain c’est le départ. Les voitures sont rangées en épi devant leurs stands respectifs.
Sur les murs, la réclame est aussi déjà là. On peut lire : Kervoline, Bugatti, Rustines…
On s’active autour des véhicules. Visiblement, on prépare moins qu’on ne commente…
Le circuit empruntait encore les boulevards au long desquels le public s’amassait.
Sur le bord de la piste on peut voir les projections diverses, de terre et de graviers.
La superbe Alfa Roméo N° 21, file vers une victoire possible à travers les bois de la Sarthe.
Rednix, un lecteur de ce blog, nous fait savoir en envoyant un commentaire que : « L’Alfa Romeo n°21 est celle de Rousseau et Paco qui avait fini 8e en 1933″.
La voiture de nos deux amis photographiés dans la cour de la ferme est arrêté au ravitaillement.
Les stands, avec leur grillage, ressemblent un peu à des poulaillers. (On se demande pourquoi du grillage à cet endroit?)
Démarrage en trombe sur la longue ligne droite des stands.
C’est certainement sur cette ligne droite où ont été prise les photos des motos en pleine vitesse, que vous pouvez voir sur ce blog, à la page : Déjà, des courses: il y a 100 ans ! Et mon blog : 1 an déjà !
Les lignes droites étaient déjà empruntées par les courses de moto depuis une dizaine d’année.
Etait ce les mêmes?
La voiture N° 49 a pris un bon départ… mais le moteur fume…
Le pilote ne tardera pas à s’arrêter à son stand pour refaire le plein d’eau.
Rednix identifie cette photo comme prise en 1925 et représentant le « Tank » N° 49 de Chenard et Walker.
Une seconde voiture N°50 de la même marque apparait sur d’autres images.
Et quoi de plus normal que de rajouter de l’eau avec un arrosoir sous l’oeil toujours vigilant des commissaires de piste.
Avant de repartir on embarquera une roue de secours dans le coffre.
C’est plus prudent vu l’état de la chaussée.
Sur l’image ci dessus, on peut juger de la largeur de la piste qui paraît bien étroite, tout de même.
Il est également à noter qu’elle semble être, plus de terre battue que de goudron.
La hauteur du capot de la voiture N° 18 est impressionnante.
Mais quel moteur devait se cacher là-dessous ?
Ces images des voitures arrêtées aux stands sont particulièrement vivantes.
Après ma petite restauration numérique, elles semblent être prise hier alors que cette fébrile activité des mécanos et cette course se sont achevées depuis pratiquement plus de 80 ans.
Les deux jeunes types à la casquette, à gauche de la photo ci-dessus, s’ils existent encore, sont des centenaires !
En pleine ligne droite la capote est gonflée par le vent de la vitesse.
Dernier ravitaillement en essence avant l’arrivée.
Vous pourrez retrouver des informations intéressantes sur les 24 heures du Mans sur le site :
http://fr.wikipedia.org/wiki/24_Heures_du_Mans
Que les victoires sont belles, des grands moments de bonheur partagés par tous…
Les autos sont à nouveau rangées devant les stands.
A l’arrière-plan de la photo ci dessus on voit un photographe de dos qui porte devant lui son énorme appareil sur un pied.
Photographier alors, était un sacré exercice physique !
Rednix nous écrit que cette image doit dater de 1924 ou la Bentley n° 8 gagna la course.
La 49 et la 50 sont à l’arrivée et probablement bien classée si l’on en juge par le nombre de bouquet de fleurs qui sont sur les capots.
Les Italiens de la belle Alfa semblent faire la gueule. Ils ne se sont probablement pas bien classés comme les autres années où Alfa Roméo a gagné à plusieurs reprises.
« Rousseau et Paco qui avaient fini 8e en 1933, sont à côté de l’Alfa Romeo 8C n°8 de Chinetti et Varent qui termina 2e ». Nous assure Rednix que je remercie pour ses informations précieuses.
Par contre on peut dire que sur la N° 18 on se réjouit et le bonheur se lit sur les faces ravies.
Mais quelles étaient les marques de ces belles voitures ?
Comment se nommaient ces pilotes, ces mécano et ces écuries ?
Voilà quelques images des 24 heures du Mans … et même si je ne peux identifier l’année, ni le nom des voitures et pilotes qui y coururent, il aurait été dommage de laisser dormir plus longtemps ces photos dans une boîte.
Si vous avez quelques informations à me communiquer, merci de m’envoyer vos commentaires, ainsi je ne manquerai pas d’enrichir cet article.