Bernard Salvat un sacré bonhomme !

Bernard Salvat, un sacré bonhomme ! 

 

Par Charles Camberoque

Photos : B Salvat et collections particulière, François-Arsène, FM Dumas, C Camberoque.

 

Dans le monde de la moto, il est quelques personnalités pour lesquelles le plus grand respect de la communauté motocycliste est unanime : Bernard Salvat est un de ces hommes…

Quasiment mythique.

On fait référence à lui et à ces multiples écrits. Ses articles et livres se retrouvent sur les bibliothèques des fanatiques de la moto et même dans les ateliers !

On voit parfois l’homme à la télévision ou de loin, dans un salon, sur un circuit. Mais quant on le croise, on n’ose jamais aller le déranger…

Bernard Salvat un sacré bonhomme ! dans Portraits 4-images-b-salvat

Au salon Rétromobile en 2009.  A Montlhéry pour l’anniversaire du Terrot Club Ballancourt 2012

Un jour où j’étais chez moi, le téléphone sonne.

Je décroche. Une voix me dit : « Bonjour, ici Bernard Salvat »…

… Un ange passe… silence ;  je m’interroge en pensant voilà un farçeur !

Je crois reconnaître Mickie. Je réponds : Ha ! ha ! ha ! Bernard Salvat !

Et au même moment où j’allais dire :  « Cesse de déconner Mickie, je t’ai reconnu », j’ai un doute. J’étais stupéfait. C’était bien Bernard Salvat.

Le vrai !

 

Merci, mon blog, qui encore une fois m’offre une heureuse surprise parmi tant de formidables rencontres.

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A Montlhéry pour l’anniversaire du Terrot Club Ballancourt 2012

Depuis, j’ai retrouvé Bernard Salvat, le vrai et en vrai, sur le circuit de Montlhéry lors de la fête d’anniversaire du Terrot-Club Ballancourt. Nous avons passé plusieurs heures à discuter moto mais aussi et surtout de beaucoup de choses, de plein d’autres passions que nous avons ou pourrions avoir en commun.

Habituellement, on prend Salvat pour un passionné monomaniaque de motocyclettes.

Erreur !  Il n’en est rien !

Et c’est pour cela que j’aimerais vous parler de lui en présentant Bernard Salvat, l’homme, dans un portrait bien plus élargi et j’espère plus juste.

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Lamborghini Espada, Série 2

 

Retour en arrière : 10 Septembre 1943

Le matin, il pleut sur Mâcon, mais c’est encore l’été.

C’est ce jour-là que naît le petit Bernard dans une famille d’enseignants.

En grandissant avec une mère institutrice et un père devenu professeur au mérite, on peut supposer qu’un esprit de rigueur scientifique et de sérieux lui fut inculqué dès son plus jeune âge.

« J’ai été un élève plus que brillant, plus qu’agité, plus qu’indiscipliné, premier en tout sauf en maths… parce que j’avais décidé de ne pas m’y intéresser», nous assure Bernard . On comprend déjà qu’il aura une forte personnalité.

1957, Bernard  passe le Certificat d’Etudes, (encore un point que nous avons lui et moi, en commun !), son père lui offre un bel appareil photo de fabrication française: un Focasport, de nos jours une pièce de collection.

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Les appareils de collection de Bernard Salvat: en tournant dans le sens horaire, objectifs Angénieux (pionnier du grand angle) puis Kilfitt, boîtier suisse Alpa, objectif Schneider. « Le Kilfitt 300f/4 à mise au point rapide, c’était excellent pour l’époque (1954), même à pleine ouverture, mais après s’être accoutumé, précisément, à cette mise au point rapide par crémaillère. Dans le genre, j’ai aussi possédé un Novoflex 400 mm, acheté par mon père quand il est passé à Nikon (bien après moi) ; il avait réussi de fort belles photos de chamois et de bouquetins, mais moi je n’ai pas aimé le dispositif de mise au point à gâchette ».


Dès lors la passion pour la photo va se développer chez Bernard qui par la suite sera un fanatique de Nikon, entre autres marques… dont certaines ne sont pas du tout courantes. Les appareils photo sont, eux aussi, d’extraordinaires mécaniques de précision.

La beauté du monde inspire les photographies de Salvat. Ses images témoignent de toutes ses passions, nous racontent ses voyages mais aussi ses rêveries.

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Photographies de Bernard, en Bourgogne dans son jardin,  et dans les Caraïbes : orchidée sauvage .

 

L’Ecole normale

En 1958 Bernard poursuit ses études. Quelques une des péripéties de son cursus scolaire résument déjà ce que sera l’homme :

« À une époque où les enfants s’inclinaient devant les décisions de leurs parents, les miens ont voulu que je suive leur voie, que j’entre à l’Ecole Normale : concours d’entrée l’année du BEPC, donc en fin de troisième. J’avais décidé que je raterais le concours en ne faisant rien en maths. Mais bien qu’il y ait eu, en juin 1959, 350 candidats pour les 35 places offertes dans le département du Rhône, j’ai été admissible à l’écrit avec 2/20 en maths. J’ai réussi à n’avoir que 1,5/20 en maths à l’oral et j’ai cependant été admis, trente-quatrième sur trente-cinq. »

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Un instantané de « Mélancolie ».

Comme l’Ecole Normale ne le séduit visiblement pas et qu’il a de la suite dans les idées avec une sacrée dose d’humour de potache espiègle, il se rappelle :

«  A la Toussaint 1959, j’ai fait l’objet d’une mutation disciplinaire à l’Ecole Normale de Mâcon : avec trois camarades qui voulaient, comme moi, se « faire virer », nous avions posé sur un petit muret la Vespa 400 de la prof de musique, les quatre roues pendantes dans le vide.

Les trois autres ont été virés, mais comme j’étais le fils d’enseignants très bien notés, je n’ai été puni que de la mutation.

Ce fut une bénédiction : l’EN de Mâcon était une EN « expérimentale » : pas de pions, études libres, corps professoral d’exception. Classe de seconde puis deux bacs sans problème (Sciences Expérimentales), quatrième année de formation professionnelle, un trimestre d’enseignement dans une classe unique (6 à 14 ans), démission à la grande rage de mes parents ».

 

Les années 60

Pendant cette période Bernard commence à rouler sur deux roues. En 1959, sur une 176 TC4 Peugeot, sans permis. Puis sur des 50 Motobécane  avant de passer son permis sur une Vespa en 1962.

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La première moto: 176 TC4 Peugeot

 

 Puis, pour Bernard, c’est le service militaire avec la découverte de plus puissants engins mécaniques et surtout de la maîtrise de leur pilotage.

« Service militaire dans l’Armée de l’Air : classes à Nîmes, bref passage à Istres, puis à Aix-en-Provence, comme chauffeur ; de tout : GMC benne à ordure avec les taulards, Berliet Gazelle en lutte contre les incendies… et R16 du général commandant en second la Quatrième Région Aérienne. Il appréciait, je crois, ma ponctualité, ma présentation, mon élocution; il ne goûtait que médiocrement ma conduite, jugée trop vive; et il était assez vexé que je n’aie jamais voulu accepter l’honorifique situation de « soldat de première classe ». Mais, juste avant que je sois libérable, il m’a fait un joli cadeau en me disant « Salvat, j’ai été content de vos services. Demain vous prendrez ma voiture, vous apposerez ma plaque (deux étoiles), vous irez à la base aérienne de Salon de Provence ; vous êtes annoncé et attendu à 9 heures. Vous ferez un vol d’entraînement de deux heures en place co-pilote dans un Morane-Saulnier Paris (biréacteur de liaison, quadriplace, 600 km/h). J’ai apprécié ! »

Il faut préciser qu’à l’époque, une voiture de général portant sa plaque pouvait se soustraire presque sans risque à certaines obligations du Code de la Route. Pratique pour rouler vite !

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Morane-Saulnier Paris 

De retour à la vie civile, Bernard possède tous les permis de conduire : auto, poids-lourd et même transport en commun. Cela va faciliter le début d’une passion pour tout ce qui roule.

 

Un éclectisme pas si courant !

« Ne sachant rien faire (l’Ecole Normale enseigne tout… et rien), j’ai commencé à travailler comme « ferrailleur » dans le bâtiment : celui qui répartit et attache les armatures de béton armé à la « tenaille russe ». Comme j’ai vite su lire les plans de ferraillage (parfois complexes !) mieux que le chef d’équipe, je suis devenu chef d’équipe en deux mois, chef de chantier en deux ans, conducteur de travaux en dix ans. J’ai exercé ce métier avec enthousiasme pendant douze ans, en France (chantiers en montagne surtout) mais aussi en Afrique. Mais pendant ces 12 années j’ai toujours été en « déplacement longue distance » (soit absent de mon domicile 5 jours ou cinq jours et demi par semaine ou expatrié ».

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Voyages en Amérique du sud : Yulleta à Santiago de Cuba et paysage de tepuy, dans la « Gran-Sabana », au Vénézuela.

Cette époque a donné à Bernard le goût de voyager de par le monde… sans pouvoir le satisfaire, la Moto Ancienne occupant tout son temps à partir de 1973. Et ce n’est qu’assez récemment qu’il visite les Caraïbes et quelques pays andins qu’il adore, photographiant et goûtant tout ce qu’il découvre.

Il en apprécie la musique. Et ce fin connaisseur en matière de vins et armagnacs fait de somptueuses découvertes côté rhums.

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Ci dessus : « Une photo dite « service du vin » datant de 2003 : je sers un Chassagne-Montrachet 1er cru « Morgeot » de Bernard Moreau à mon ami Didier Ganneau.»

 

 

 

La botanique le captive :

«  Il n’est pas un pays lointain où je sois allé sans visiter tous ses arboretum ou jardins botaniques. Mais celui qui m’a le plus marqué est sans nul doute l’arboretum Atkins, créé à partir de 1900 par les américains Edwin Atkins et Robert Grey et développé de 1920 à 1959 par l’Université américaine de Harvard. Immense (plus de 100 hectares), il réunit l’essentiel des arbres tropicaux et sub-tropicaux du monde entier. »

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Bernard et Walter Baraldi à Cuba.

A l’arboretum Atkins à Soledad, Cienfuegos, Cuba, il se promène en compagnie de Walter Baraldi, immense mécanicien suisse, spécialiste de la très haute précision.

 

 

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Couroupita ; fleurs exotiques. Bogues et graines de ricin

De la botanique à la mécanique, les bogues de ricin (photo à droite) d’où l’on extrait la fameuse huile à l’odeur caractéristique des anciennes machines de courses, font le lien.

 

L’aviation l’attire

Suite à tous ses voyages et à son service militaire dans l’armée de l’air, l’aviation l’attire. Il passe un brevet de pilote et précise : «Brevet de pilote « qualif B » train rentrant et pas variable obtenu en 40 jours et quarante heures trente minutes à l’âge de 41 ans. Mon carnet de vol en atteste ! Je n’ai fait que 300 heures de vol, mais en trois ans seulement. »

Dans la foulée de cette formation, Salvat continue avec une dizaine d’heures d’école de pilotage d’hélicoptère qu’il ne poursuivra pas pour des raisons économiques : « Trop cher l’hélico ! »

 

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Portraits photographiques de Bernard Salvat

Bernard Salvat fait enfin des mathématiques…

Bernard travaille dans le bâtiment et les travaux publics, sur de gros chantiers pendant plusieurs années. Il y exerce de réelles responsabilités et : « A l’occasion d’une de ces baisses cycliques d’activité que connaît fréquemment le BTP, j’ai préparé et réussi le concours d’entrée à l’Ecole de Meaux qui formait des opérateurs-géomètres-topographes très appréciés par les entreprises ; le temps de préparer le concours, je suis devenu bon en maths ! Je suis rentré sixième sur 65 et sorti troisième. Cette corde supplémentaire m’a aussitôt permis de trouver un emploi sur Lyon, avec des déplacements qui n’excédaient pas deux jours. Mais le travail (construire des maisons individuelles) ne me passionnait guère et j’ai abandonné le métier au bout de trois ans ».

 

 

Une passion pour tout ce qui roule sur 2 … et 4 roues !

« Ma première Espada, Série 2, et ses superbes jantes Campagnolo à serrage central. Pas une véritable sportive, mais une GT fort véloce et bien plus maniable que ne le laisse supposer son grand empattement. J’utilisais un WW pour ne pas pas avoir à payer la ruineuse vignette des grosses cylindrées…»

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Lamborghini Espada, Série 2

Lorsqu’il parle des voitures qu’il a possédées, on comprend qu’on a affaire, là aussi, à un connaisseur. A ce jour il a parcouru près de 2 millions de kilomètres au volant, dont la moitié avec des voitures pas très courantes parmi lesquelles par ordre chronologique : Renault Floride, Citroën 15H oléopneumatique, Honda S 800 Coupé, Fiat 1800 B, NSU K70, Jaguar E 3.8 litres, Ferrari Mondial 8, deux coupés Lamborghini Espada V12 4 litres, Ferrari 512 Berlinetta Boxer 5 litres flat-12, Ferrari 348TB, Audi V8 Quattro 4.2 litres, BMW M5 V8 5 litres.

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Ferrari-512 BB

 « J’ai acheté cette 512 version 1980 « à carbus » en 1983 avec 11 000 km seulement et le l’ai revendue trois ans plus tard avec 108 000 km. Donc 30 000 km par an, rien qu’en longs ou très longs trajets… à une époque où les radars ne fleurissaient pas encore ! Dont un mémorable Charnay-les-Mâcon/Castellon de la Plana (juste avant Valence, Espagne), soit 977 km en 6 heures précises, tous arrêts compris, avec témoins, toujours vivants, pouvant en attester. Tout était dur dans cette auto : direction, boîte (surtout à froid !), embrayage, freins ; ce qui la rendait fatigante. Mais sa merveilleuse maniabilité ainsi que la puissance du flat-12 et surtout son couple omniprésent me laissent des souvenirs inoubliables ».

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Audi, V8 Quattro 4,2 litres

« L’Audi, V8 Quattro 4,2 litres de 1992 est de loin la meilleure routière que j’ai possédé. Je ne lui ai reproché qu’une chose : dévorer le flanc extérieur des pneus avant en 6000 km ! Quand je l’ai revendue en 2005 — très facilement à 260 000 km — elle était dans l’état de la photo : presque comme neuve ! »

 

En même temps : La passion pour la moto s’affirme.

En 1972, alors qu’il n’a pas fait de moto depuis une dizaine d’années, Bernard s’achète une 350 Terrot HT de 1926 qu’il restaure aussitôt.

Enthousiaste; un an après, son atelier est rempli d’une soixantaine de motos anciennes.

Puis, il décide de conserver uniquement sa Terrot  HT, « J’ai vendu absolument tout le reste, considérant : 1) que je n’ai qu’une paire de fesses à poser sur une selle ; 2) qu’en ramassant tout ce qui se présentait, je n’avais finalement rien d’intéressant ».

1974 : L’achat de la Velocette Mk 7, ex-Roger Loyer, marque un moment important car depuis lors, Bernard ne collectionnera que des machines de course, à une exception près. Il possèdera ainsi une quarantaine de motos remarquables.

L’année 74 est d’autant plus importante qu’en avril, Bernard Salvat fonde le Club du Motocyclettiste avec Jean Goyard, Patrick Negro et Dominique Pascal. A la même date ils publient le premier numéro du Motocyclettiste.

 

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Année 80 : Les pneus Avon

« Je suis alors devenu représentant des pneumatiques Avon pour motos pour un quart de la France (tout ce qui est au sud-est d’une ligne passant par Besançon, Clermont-Ferrand et Perpignan). J’ai exercé ce métier trois ans puis j’ai été licencié pour raisons économiques ».

 

1983: Bernard Concessionnaire Yamaha, Suzuki, KTM et Moto-Guzzi

« J’ai alors pris la direction (salariée) de la concession Yamaha à Mâcon pendant un an, puis je suis devenu moi-même concessionnaire Yamaha, Suzuki, KTM et Moto-Guzzi, toujours à Mâcon. Je n’ai pas supporté les clients plus de trois ans et j’ai volontairement fermé boutique à 44 ans.

Depuis, je n’ai fait qu’animer le Club du Motocyclettiste, organiser des expositions de motos et écrire mes 11 livres ».

 Ne manquez pas d’aller consulter sur le Net le site du Motocyclettiste ou vous pourrez commander tous les N° passionnants que vous voudrez :

http://www.moto-histo.com/lecture/Motocyclettiste.htm

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Couverture de la revue Le Motocyclettiste

Le Club du Motocyclettiste

A partir de là, nous connaissons mieux Bernard Salvat par ses nombreuses publications, mais il ne sera  pas inutile de rappeler quelques points balisés par les images qui suivent. Bernard y est pris sur diverses machines qui lui sont chères : on voit, sur les deux photos suivantes Bernard, très fidèle en amitié, entouré d’Yves Campion, François-Marie Dumas, Didier Ganneau et Juan Pallares. « L’artiste-mécanicien Marc Defour rendit à une dentelle de métal rouillé sa splendeur initiale juste à temps pour mes 60 printemps : ma 350 Majestic 1933 fait ici ses premiers tours de roue sous le regard d’amateurs avertis».

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Avec la Majestic et ses amis pour ses 60 ans.

Bernard aime à préciser qu’il a également roulé sur quelques motos modernes : 850 Guzzi « Le Mans III », 500 Guzzi « Monza », 500 Yamaha RDLC, 750 Suzuki GSXR première version, 500 Suzuki « Gamma », 1000 Yamaha FZR « Exup » kitée (qu’il possède toujours). Mais il garde un souvenir particulièrement enthousiaste de ce  « Mirifique privilège que celui de se voir confier par Jean Nougier (1977), puis André Nougier son fils (2008), le guidon de la 500 Magnat-Debon-Nougier double ACT 1938, ex-Jacques Onda avec permission de « tirer dessus ». Je ne m’en suis pas privé ! El le prêt de 2008 reste mon plus beau souvenir au guidon d’une moto de course ! »

 

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500 Magnat-Debon-Nougier double ACT 1938

Les plus grands souvenirs de Salvat au guidon de motos nous laissent rêveurs grâce à l’extraordinaire pouvoir d’évocation qu’ont les machines essayées. Imaginez donc :

- 500 Koehler-Escoffier Mandoline 2 vitesses 1914 (merci, J.P. Marquinez !)

- 500 Koehler-Escoffier GP d’usine 1930, championne de France (Mont-Ventoux)

- 250 MGC N3BR, ex-Marcel Guiguet, 1932 (Rallye Voramar)

- 600 Saroléa Monotube course avec side-car (Mont-Ventoux et circuit de Zolder, entre autres)

- 350 Magnat-Debon BCP 4 paliers petite course usine « modif Pado », ex-Jacques Onda (Circuit de Misano)

- 408 Aermacchi (Circuits de Dijon-Prenois et Paul-Ricard; merci M. Baudoin !)

- 750 Norton JPS multitubulaire usine 1972 (Circuit Paul Ricard, gracias amigo)

- 500 Norton CS1 (gracias amigo)                                           

- et bien d’autres…

- et plus que tout : 500 Magnat-Debon-Nougier CCP 1938 double ACT (Circuit de Dijon : merci, Jean Nougier, merci André et Eric Nougier !)

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« Découverte par moi en 1979, me semble-t-il, cette 250 MGC N3B Racing, pièce unique et moto personnelle de Marcel Guiguet fut une acquisition coûteuse et… mouvementée. Elle me valut même d’être convoqué par un juge d’instruction dans une enquête pour recel !

Recel il n’y avait pas et le plaignant fut à deux doigts d’être inculpé par le juge pour dénonciation calomnieuse et outrage à magistrat. Bref…

Irréprochable tenue de route, bon freinage, excellente boîte Sturmey-Archer 4 vitesses au pied, très brillant 250 JAP Racing, garde au sol dépassant largement mes compétences au guidon, elle n’a que des qualités… pour un pilote au petit gabarit. Et je n’en suis pas un ! »


Une belle bibliothèque

Outre les machines de course, Bernard a rassemblé une collection conséquente de revues motos, de catalogues, prospectus, dépliants commerciaux et notices d’entretien dont il commence à se séparer après les avoirs scannés.

Bien entendu, sa bibliothèque comprend plus de 500 bouquins sur les motos et des ouvrages sur ses autres passions : des livres sur l’automobile, l’aviation, les bateaux, la botanique, l’horlogerie, la gastronomie, la photo, l’histoire, la géographie, et… le vin.

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Couverture de la revue Le Motocyclettiste

Parallèlement Bernard Salvat a réuni une belle collection de photographies d’époque qu’il évalue, entre tirages sur papier, négatifs N&B et scans à environ 20 000 images. On peut en voir une belle sélection dans le N° 100 du Motocyclettiste.

 

Un homme d’action

Une forte personnalité, assez volontiers insolant, provocateur et voire bagarreur, un caractère entier qui peut parfois être très brutal et cassant en particulier quant il s’agit de protéger sa vie privé. D’elle, on ne sait quasi rien sinon qu’il a eu une vie sentimentale mouvementée aux côtés de femmes qui attiraient, dit-on, les regards masculins.

Bernard ne recule pas pour dire tout haut et bien fort ce que les autres murmurent à voix basse. Peu enclin à se plier aux lois, règlements et autres guides soit disant « moraux »

Peut-être a-t-il gardé de son passage dans le BTP, où il exerçait, jeune encore, de sérieuses responsabilités, un côté directif et très bosseur. Ne dit-il pas que lorsqu’il n’a pas beaucoup de travail d’avance, cela lui manque. En même temps il est un homme qui sait solliciter un conseil… avec l’intention de le suivre.

Bien au-delà du spécialiste de la moto ancienne Bernard Salvat est un homme d’action, curieux de tout. Attentif aux autres, il est un type fiable et serviable, un historien rigoureux qui représente avant tout la mémoire vive d’une grande partie de l’histoire industrielle Française.

 

Je ne peux que conclure cet article en donnant la parole à Bernard Salvat, sur un thème important et symbolique qui lui est cher et qui prouve son souci d’historien et son soutien face à l’aventure collective de l’industrie dans notre pays.

 « Les grands mécaniciens français dans l’obscurité »

 « Chacun connaît l’Académie Française. Par la faute de son satané dictionnaire qui risque fort de ne jamais être achevé, on croit en général qu’elle ne s’occupe que de Lettres. Faux ! Parmi les Immortels, passés ou présents, figurent des maréchaux (dont Lyautey et Juin), des généraux, des amiraux ou officiers de marine (dont Loti et Cousteau), des gens d’église, des magistrats, mathématiciens, médecins, astronomes, physiciens, ethnologues, un naturaliste, un paléontologue et un astronome, des artistes de toutes disciplines, trois femmes (de Lettres), un commissaire-priseur et un président de la République. Bref, un inventaire à la Prévert ! Et au rang des 700 porteurs de « l’habit vert » qui ont occupé depuis 1635 l’un des 40 fauteuils, ne figure pas un mécanicien, pas un ingénieur, pas un Jacques de Vaucanson, ni un Abraham-Louis Bréguet, ni un Gustave Eiffel, ni un Gabriel Voisin, ni un Louis Renault, ni un Jean Nougier. Pauvre France, qui n’admire pas ses grands Mécaniciens… »

 

Moi, je propose que, faute de mécanicien à l’Académie Française, nous présentions Bernard Salvat, qui fait totalement la synthèse entre écriture, histoire du patrimoine industriel et… mécanique.

 

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Couverture de la revue Le Motocyclettiste

Bernard Salvat

Né le 10 septembre 1943 à Mâcon

Etudes secondaires au lycée Claude­-Bernard de Villefranche­-sur­-Saône puis à l’Ecole Normale d’Instituteurs de
 Mâcon; bachelier. Trilingue.

Fondateur du Club du Motocyclettiste, association française des collectionneurs de motos anciennes, en 1973.

Cofondateur en avril 1974 et rédacteur en chef de la revue Motocyclettiste; paraît toujours; le dernier numéro
paru est le 112.

Membre du Comité directeur de la F.F.V.E. (Fédération Française des Véhicules d’Epoque) de 1979 à 1999. Ancien vice-­président de la Commission “Motocyclettes” de la F.I.V.A. (Fédération Internationale des Véhicules Anciens)

Journaliste indépendant ou rédacteur pour l’Enthousiaste, Moto­-Journal, Auto­-Passion, Le Progrès de Lyon, les 
Editions Atlas, La Vie de la Moto, Moto­-Légende, etc.

Onze livres publiés à ce jour comme auteur ou co­auteur

­ Motos de course (AHMA 1988) 3100 ex. Epuisé ­

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- Le Vélosolex (avec J. Goyard ­Editions Massin ­ Trois Editions : 1990, 1991 et 1994) 11 000 ex. Epuisé ­

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- Vespa, histoire et technique (avec J. Goyard et D. Pascal ­ Editions du Collectionneur 1993) 3 000 ex. Epuisé

- Vespa, les années glamour (avec J. Goyard et D. Pascal ­ Editions du Collectionneur 1993) 3 000 ex. Epuisé ­

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- 70 ans de tracteurs agricoles en France (E.P.A. Trois Editions : 1993, 1994 et 1996) 10 000 ex. Epuisé ­

- Motos françaises, 100 ans d’histoire (E.P.A. Deux Editions : 1994 et 1998)

7 000 ex. Epuisé ­

- Side­cars, 100 ans d’histoire (E.P.A. 1996) 3 000 ex. Epuisé ­

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- Tracteurs agricoles Renault, 80 ans d’histoire (E.P.A. 1997) 3000 ex. Epuisé. Réédition EFA 2012 à 3 000 ex.

- Motos Peugeot, 100 ans d’histoire (avec D. Ganneau ­ E/B/S 1998) 5 150 ex. En voie d’épuisement ­

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- Tracteurs Lanz, 100 ans d’histoire (avec P. Bouillé ­ E/B/S 2000) 5 000 ex. Epuisé. Réédition EFA 2012 à 3 000 ex.

- Dictionnaire des marques motocyclistes de Paris et de la Seine ­Tome 1 (Histoire & Collection ­2012) 2 000 ex.

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Trois livres publiés à ce jour comme éditeur

­- Motobécane­-Motoconfort, souvenirs d’un ingénieur (E. Jaulmes  AHMA 1991) 3 000 ex. Epuisé

- Une passion pour l’Oisans (J. Bussillet ­E/B/S 2002) 3 000 ex. Epuisé

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-Terrot : Histoire d’une aventure humaine et industrielle. 2004


Archive pour décembre, 2012

L’histoire d’une Rallye 175cc de 1962

 

L’histoire d’une Rallye 175cc de 1962

Par Jean-Paul AUGE

 

L'histoire d'une Rallye 175cc de 1962 dans Terrot pub-175-rallye   Nous sommes au milieu de l’été 1969, et j’ai en poche l’argent de ma première vraie paye : 700 F pour un mois comme dessinateur au bureau d’étude de la Mine d’or de Salsigne, à une quinzaine de kilomètres au nord de Carcassonne.

 

Je ne vais pas perdre de temps à vous parler de cette mine, mais ça vaudrait le coup. Ceux que ça intéresse peuvent consulter le web, le sujet est largement couvert.

Quant aux 700 F de 1969, ils sont l’équivalent de 758€ actuels, si ça peut vous donner une idée de ce qu’on pouvait gagner à l’époque, alors que je venais tout juste d’obtenir le Bac Technique.

Et ça faisait déjà quelques temps que l’ami Camberoque me parlait d’un gars qui vendrait peut-être une Terrot Rallye 175cc à Laure-Minervois (souvenez-vous de l’article de ce même blog, consacré au circuit de moto-cross de ce village). A cette époque, si les japonaises commençaient à envahir les pages des magazines, elles étaient quand même plutôt rares dans nos provinces méridionales. Et en vertu du principe selon lequel, « faute de merle, on mange des grives», la Rallye apparaissait comme un choix très défendable, surtout pour le prix demandé. Combien ? Allez, devinez : pile 700 F. Le hasard fait bien les choses, mais était-ce vraiment un hasard ?

le-circuit-oublie-carcasson lhistoire-dune-rallye-175cc-de-1962 dans Terrot

rallye2b Terrot   Le temps de convaincre mes parents du bien-fondé d’une telle acquisition (tu parles!…) et allez, l’affaire fut promptement conclue. Mes souvenirs de l’opération sont trop flous pour que je puisse vous en dire plus. Mais si pour ma part, j’étais bien décidé à ne pas laisser passer l’occasion, le vendeur, de son côté, ne semblait pas fâché d’avoir trouvé un client.

175cc, c’était aussi l’obligation d’avoir le permis A. Or je ne l’avais pas ! Alors, je ne sais plus comment on a assuré le convoyage de la Rallye depuis Laure-Minervois jusqu’au domicile de mes parents.

Et il a fallu que j’attende le 28 octobre suivant pour me retrouver enfin titulaire de ce fameux permis, que j’ai passé au guidon de la NSU 350 de l’Auto-Ecole Séguy à Carcassonne. Ce qui m’oblige à ne pas laisser passer l’occasion de vous raconter que le petit-fils de mon moniteur de l’époque est aujourd’hui patron de sa propre auto-école, à…. Tahiti, la première auto-école dans laquelle je suis rentré à l’époque où je vivais là-bas et que mon propre fils était arrivé à l’âge de passer le permis à son tour. Vous imaginez la brave rigolade dans la boutique… Le monde est vraiment petit…

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En attendant, je passais mes week-end dans le garage, le cul sur la Rallye, à l’arrêt, tandis que le restant de la semaine, au fin fond de l’internat des classes Prépa à Montpellier, je rêvassais à toutes les ballades que j’allais pouvoir faire. Sauf que je n’avais pas le sou vaillant pour payer l’essence, tout mon argent étant parti dans l’achat de l’engin.

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Mon père a quand même eu la bonté de s’occuper de la carte grise, car je n’avais que 17 ans alors que la majorité au même moment était encore à 21 ans… Et il a aussi payé l’assurance. Tout ça sans pouvoir lui-même la conduire, à cause d’un sévère handicap, séquelle de ses blessures de guerre, alors que sans ça, il aurait adoré faire de la moto…

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Une fois le permis en poche, chaque week-end me voyait enfourcher la Rallye, non sans avoir passé quelques heures outillage en main à la recherche d’une possible intervention. Obsédé par les images de compétition aperçues dans les magazines, il a absolument fallu que je monte un guidon bracelets. Moyennant quelques coups de limes, j’ai réussi à adapter sur la fourche celui que vendait le motociste du coin pour les cyclos 50cc. Et la Ténor de Camberoque, désormais réléguée au fond du garage pour cause de Yamaha YDS3 et autre Bultaco Metralla, fut promptement cannibalisée pour fournir un capotage de phare à découper pour rendre possible le montage des bracelets. Je vous passe les détails, mais je crois que l’ensemble avait une allure peu conventionnelle, la belle Rallye bleue se retrouvant affublée d’un habillage de haut de fourche rouge Ténor, et bizarrement découpé…

 

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L’hiver et le printemps se sont ainsi passés. Je vous ai déjà raconté l’histoire des casques Altus. Une bonne paire de gants, et un vague blouson genre anorak de ski, et roule… Séances d’étude de trajectoires sur la fameuse « route Minervoise » à la sortie de la ville (voir l’article à ce sujet en début du blog:Le Terrotiste motomaticien mathécycliste), ballades dans les Corbières ou la Montagne Noire aux inépuisables ressources viroleuses, j’en passe, et des meilleures…

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