Le singe de l’Oural
Le singe de l’Oural
Photos de Bernard Dusfour et Charles Camberoque
Si l’homme descend du singe et le singe descend de l’arbre;
il arrive aussi que l’homme descende du side…
En septembre 2009 je vous avais présenté Bernard Dusfour en son atelier d’Assas dans l’Hérault.
Voir à : http://charlescamberoque.unblog.fr/?p=1503
Bernard a cessé ses activités de réparation. Il peut enfin profiter de son atelier pour son plaisir et celui de ses amis.
Depuis qu’il fait de la moto, Dusfour a toujours eu des sides-cars et plus précisément des sides Ural.
Alors, lorsque Bernard m’a proposé de faire le singe, (pas le babouin, plutôt le vieux gorille dans mon cas), j’étais trop content de monter dans le panier.
Le voilà le singe de l’Oural !
Bernard est autant un passionné de photo que de moto,il est bien équipé en matériel photographique. Cela m’a donné l’idée de lui emprunter son objectif ficheye pour nous photographier depuis l’étroit espace du side-car. Un objectif super grand angle qui permet de prendre un champ très large, y compris mes propres genoux.C’est une façon d’être à la fois derrière l’objectif et dans la photo.
Le résultat est assez marrant et nous donne envie de travailler l’image plus sérieusement … Mais c’est déjà pas mal …
Nous voilà partis sur les petites routes de l’Hérault.
Tout en roulant,à tour de rôle nous brandissons le Nikon à bout de bras, déclenchant les prises de vue en visant au jugé. C’est approximatif et plein de surprises.
Bernard Dusfour pratique le side depuis 1973, date à laquelle il avait acheté son premier side Ural chez Britannique moto. Un célèbre magasin de moto de la région parisienne qui comme son nom l’indique vendait plutôt des machines anglaises.
Bernard me montre la facture d’alors qui me laisse rêveur en voyant le prix de sa moto russe :
Une M 63 neuve et attelée pour 8100 Francs !
Au début, l’apprentissage du pilotage d’une moto attelée ne fut pas sans mal, car Bernard était allé chercher son side tout neuf sans avoir jamais conduit un trois roues.
Après s’être vaguement entrainé sur le parking de la boutique de Britannique Motos, Monsieur Harper Smith, le concessionnaire était inquiet en voyant partir Dusfour pour Montpellier. Effectivement ce premier voyage fut particulièrement épique…
Quelque temps plus tard Bernard, que ses copains avaient surnommé « Dufoural »,roulait sur le routes enneigées des Cévennes pour se familiariser avec la conduite sur les routes verglacées. Monter aux Eléphants, la célèbre concentration hivernale sur le circuit du Nürburgring qui existe encore, était un objectif que Bernard a réalisé plusieurs fois depuis.
Depuis, rouler en levant la roue du side et déraper dans les virages amuse toujours autant notre side-cariste qui maitrise parfaitement la conduite de cet engin infernal.
Il y a quelques temps Bernard Dusfour a acheté une nouvelle Ural d’occasion cette fois et pour un prix tout aussi convenable.
Elle est en parfait état et il l’a embellie par des polissages et chromages particulièrement réussis.
Et elle en a de la gueule, l’Ural, avec ses liserés blancs !
Les parties polies sont bien mises en valeur par le beau noir du cadre et de la carrosserie. Bernard a bien travaillé dans le détail.
Le tout semble indestructible.
Comment sont les plaines de l’Oural ?
Peut être qu’elle pourraient ressembler à ce champ de blé de la garrigue Languedocienne.
Dans la chaleur de l’été de ce mois d’août, le brave flat-twin ronronne à l’unisson avec les cigales qui chantent à tue tête.
J’en avais rêvé depuis longtemps, de side-car, mais c’était toujours resté une envie. Je n’étais jamais monté sur cette drôle de machine.
« Une aberration technologique » disent ses détracteurs,en ajoutant:« Tous les inconvénients réunis, de la moto et de la voiture »
Et bien moi, c’est ce que j’aime de cet engin atypique !
Il faut toujours garder des rêves pour … plus tard …
Le problème c’est qu’il se fait tard …
Pourtant, dans les années 70, avec ma femme, nous avions envisagé pendant quelque temps d’acheter un basset de compétition aux Combes, un couple de montpelliérains qui couraient alors.
Nous n’avions pas la moindre expérience en la matière, mais inconscients, nous nous imaginions déjà tourner sur un circuit et partager ensemble les joies du pilotage et de la course.
Heureusement ce projet, pure folie, n’a pas eu de suite.
Aujourd’hui enfin,40 ans après, c’est mon tour de prendre la place du pilote.
Bernard me trouve un endroit plat et bien dégagé pour un petit galop d’essai.
Comme c’est étrange, tout à coup un vieux rêve devient simplement réalité.
Me voilà ravi et entrain de faire laborieusement des 8.
Le vieux motard que je suis se sent soudainement comme handicapé. Tourner d’un côté est une chose et de l’autre une tout autre histoire.
Même rouler en ligne droite semble compliqué !
En retournant vers la maison,
le rêve peut continuer…
… Et si j’équipais ma vaillante Yam 1200 FJ de 1986 avec un side ?