La Geco d’Offenstadt
La Geco d’Offenstadt
Photos et texte : © Copyright C Camberoque (Reproduction interdite sans accord de l’auteur)
Et la voilà qui roule cette Geco ! Et je peux vous dire qu’elle roule bien.
Qu’elle tourne de mieux en mieux !
En plus, elle est belle.
Son nom est très bien choisi car son carénage tête de fourche évoque la gueule d’un gecko.
Vous savez, cet espèce de petit lézard qui porte bonheur et qui peut marcher en adhérant à toutes les surfaces y compris au plafond !
La semaine dernière, j’ai assisté à une séance de réglages et de mise au point sur le circuit du Roussillon au pied du Canigou.
Quel bonheur d’être là, avec l’équipe d’Eric et d’assister à la naissance d’une nouvelle machine.
Une nouvelle machine, oui ! Mais basée sur une conception totalement différente par rapport à ce qui se fait depuis un siècle !
Il y a environ un an à peine j’avais pratiquement assisté aux débuts de la construction de cette Geco dans un atelier de l’Hérault.
L’atelier d’Olivier et Arnaud Gomez déjà bien connus pour leurs superbes réalisations des 4 roues Silhouettes qui courent de part le Monde.
Avec mes amis Jean Paul et Pierre nous avions retrouvés Eric qui nous admit amicalement dans son antre …
… mais à condition de ne pas diffuser alors de photos de l’engin.
Et il a bien raison de se méfier car ce ne serait pas la première fois qu’on lui piquerait ses bonnes idées…
Sur le marbre, la machine encore incomplète nous apparut dans un splendide degré d’usinage.
J’étais impressionné.
Jean-Baptiste Labruyère, le mécanicien travaille avec grand soin.
Ses gestes précis témoignent de son efficacité et sa compétence.
Eric explique, s’interroge et réfléchit aux solutions.
Je suis heureux d’être à ses côtés et de pouvoir le photographier dans ses moments de recherches.
J’admire Offenstadt pour son enthousiasme et sa volonté d’avancer.
Toujours d’avancer en remettant en question les habitudes et les conformismes.
Le monde de la moto est tellement plein de dogmes !
Qu’Eric arrive ou pas à prouver la validité de ses théories, je serai toujours fasciné par sa posture quasiment philosophique.
Ce qui compte c’est le chemin qu’il parcourt…
la route qu’il nous montre…
les pistes qu’il défriche pour nous … qui essayons de suivre.
A un âge ou la plus part des gens s’endorment dans une retraite mortelle, Offenstadt (je n’aime pas l’appeler Pépé, il n’a rien d’un Pépé) cherche, remet en cause.
Il projette ses idées dans l’avenir avec opiniâtreté et une grande volonté d’aboutir à quelque chose de nouveau. Seul le futur l’intéresse.
Quoique les Nougier n’aient pas révolutionné la moto comme est entrain de le faire Offenstadt, il me fait penser à eux dans leur petit garage de province. A Saint Andiol.
Mais ils étaient deux à affronter leurs recherches et aussi les sarcasmes qu’ils n’ont pas dû manquer de susciter avant de gagner des courses.
La nostalgie aidant, les collectionneurs glorifient, à fort juste titre, les Nougier, sans s’apercevoir qu’ici et maintenant, ils passent à côté d’un talentueux créateur contemporain que je trouve parfois bien solitaire.
Heureusement que quelques fidèles sponsors comme la Mutuelle des Motards, entre autres, ne s’y sont pas trompés et soutiennent Eric Offenstadt et la Geco depuis les débuts !
Précipitez vous ! Vous aussi, amateurs de moto ! Vous pourrez contribuer à ce projet en envoyant un don et en vous inscrivant comme membre de la bande à Pépé :
Allez sur le site de Geco :
http://www.progecomoto.fr
Sur le circuit du Roussillon, Alexandre Perrault va passer en piste.
Eric lui explique inlassablement sa conception de la liaison au sol de la Geco et les subtilités de la suspension homocinétique.
Il est important que le pilote intègre qu’il a affaire, là, à un engin qui ne va plus du tout réagir comme les motos qu’il a l’habitude de piloter.
Ce point délicat est également très important.
Je suppose qu’il n’est pas évident pour les pilotes d’effacer toutes leurs références antérieures pour acquérir de nouvelles sensations et réflexes.
Y compris de trouver de nouvelles postures, de découvrir les bonnes positions du corps sur cette machine.
Après quelques tours d’une prudente reconnaissance, Alexandre s’arrête pour peaufiner des petits réglages et transmettre à Eric ses impressions.
De retour en piste, l’aisance d’Alexandre semble de plus en plus évidente
Un petit air de satisfaction éclaire le visage d’Eric.
Les choses avancent…
Pour les amateurs de technologie je recommande une visite au forum de Pit Lane qui consacre de nombreuses pages et commentaires à cette Geco et à Offenstadt. Voir :
http://www.pit-lane.biz/t4217-technique-construction-geco?highlight=Geco
Sur Pit Lane le niveau technique et parfois très élevé et pourtant parfois cela vole moins haut. Pas grave, ce sont les avantages et inconvénients d’un forum.
Mais parmi les pseudos des commentateurs vous y trouverez des grands spécialistes… mécaniciens de courses, pilotes, ingénieurs, journalistes …
… les grands savants anonymes de ce forum.
Vous trouverez également des informations plus que complémentaire sur le site officiel de Geco. Voir :
http://www.progecomoto.fr
Vous pourrez également contribuer à ce projet et vous y impliquer en envoyant un don qui vous fera heureux compagnon de cette déjà mythique aventure.
En attendant, par mes photographies, je vous aurais fait partager ces moments intenses sur le circuit du Roussillon.
La mise au point n’est qu’aux débuts.
De nombreux essais sont indispensables.
La machine n’a pas encore roulé plus de 1500 km, ce qui est très peu pour un tel prototype.
Malgré ce, Freddy Spencer a lui aussi effectué quelques tours encourageants sur le circuit Paul Ricard, il y a quelques temps.
Le précédent pilote Thibault Gourin était présent sur le circuit du Roussillon.
Rien n’échappe au regard attentif d’Olivier Gomez.
Je vous ai déjà parlé du sympathique atelier de son père, voir : L’atelier de Jean Marc Gomez
Thibault Gourin fait quelques tours mais curieusement ses impressions ne sont pas les même que celles d’Alexandre.
Pour Eric il faut aussi comprendre, traduire et interpréter les divers points de vue.
D’ou ces longues discussions après quelques tours.
Pendant ce temps, le mécanicien améliore quelques points où modifie un réglage.
On part pratiquement de zéro sur cette machine.
Au niveau de la moto et également au niveau des impression de pilotage qu’elle dégage, qui sont absolument nouvelles
et parfois certainement déroutante pour ceux qui ont déjà l’habitude (j’ai tendance à penser) des « vieilles motos. »
Tout est à faire évoluer… tout, en apprenant d’elle; en même temps.
C’est cela qui rend l’expérience fort compliquée mais tellement passionnante.
Vers midi Alexandre tente encore quelques tours.
Depuis le matin tout a rapidement évolué et il cherche à trouver la limite en courbe.
« En virage, on dirait vraiment qu’elle tourne autour d’un axe » dit il.
Et puis tout à coup dans une des courbes les plus rapides du circuit: Panache de poussières ! C’est la chute !
Etant à l’opposé, je ne vois pas très bien ce qui se passe et d’un coup mon adrénaline monte……
Alexandre revient sur la machine par leurs propres moyens.
Elle a glissé sur un côté mais n’est pas trop abimée.
Alex a rappé son cuir tout neuf !
Je m’attendais à ce qu’Eric soit mécontent.
Et là encore une bonne leçon de l’esprit toujours positif du maître : Eric le prend bien.
En riant il dit à Alexandre « Tu l’as dépucelée !!! C’est sa première chute !!!
Ca avance, ça avance… »
Je crois qu’en cette matinée les choses ont évoluées et les limites ont reculées.
Dans le stand Eric est tout pensif face à sa Geco.
Mon ami Jean-Louis et moi, nous n’oublierons pas de si tôt le plaisir d’avoir été là, sur ce petit circuit du Roussillon avec Eric son équipe…
… et la Geco !
Formidable récit magnifiquement illustré. Merci Charles. Depuis le début de sa conception, le CECO est une grande aventure technologique et une formidable aventure humaine !
Je ne ai pas de mots pour l’inventivité de cet homme.