Collectionneur d’histoires de casque
Jean Luc Grenois :
Collectionneur d’histoires de casque
Texte et photos Jean Luc Grenois et Charles Camberoque Reproductions interdites sans l’accord des auteurs
Du côté de Troye en Champagne vit Jean-Luc Grenois que l’on peut définir comme collectionneur d’histoires de casques.
Et plus précisément comme collectionneur d’histoires de Cromwell.
Motard depuis toujours Jean Luc bichonne un café racer qui a fière allure paré de cuir brun.
Il dit : « Il est plus café que racer, mais …c’est le mien ! »
Il faut dire que Jean Luc en matière de cuir est un grand connaisseur puisqu’il a travaillé avec ce noble matériau pendant 35 ans.
Jean Luc Grenois connaît particulièrement le métier de malletier qu’il a pratiqué pour la création de produits de luxe.
Puis il a dessiné, conçu et réalisé des coffres et malles de cuir qui se sont vendus au quatre coins du monde.
Ayant arrêté cette activité pour se consacrer à de nouvelles occupations, Jean Luc a un jour ressorti son vieux Cromwell, décidant alors de le remettre à neuf.
Jean –Luc raconte : « Plus tard, j’en ai acquis d’autres auxquels j’ai apporté les mêmes soins…
Aujourd’hui, n’étant plus homologués, ces casques sont en grande partie réservés à la pratique de la moto vintage ou à la collection.
Je suis heureux que cette nouvelle passion me permette de faire revivre ces fabuleux Cromwell et Rangers pareil à ceux des champions que nous admirions sur le Continental Circus …
Les casques que je restaure sont entièrement démontés.
Je ne garde que la coque en fibre, l’attache de la sangle et les brides intérieures.
Tous les autres éléments sont changés …
Chaque pièce de cuir et de toile est remplacée et remontée sur le casque dans les règles de l’art, tant pour le cousu-main du montage que pour le travail des surpiqûres à la machine…
Cette manière de travailler sur chaque casque permet de garder toute son authenticité…
Ne passent sur mon établi que des casques qui ont une histoire à raconter.
Un casque qui sortirait d’une déchetterie, sans passé… pas très intéressant…
Alors au fil des années je me suis dit que je suis devenu « collectionneur d’histoires de casques.
Pour chacun il s’est passé quelque chose.
Vous voyez, là, on est dans une autre dimension.
Loin de l’argent.
Loin du profit mais très près de la rencontre, du partage…
Bien sûr, je me fais rémunérer quand je restaure un casque, tout ça coute pas mal d’argent lorsque je vais chez mes fournisseurs.
Mais si je voulais gagner de l’argent je ferais autre chose, surtout à 62 ans…
A chaque fois qu’un « ami », puisqu’ils deviennent souvent des amis; et puis je n’aime pas le mot client.
Donc à chaque fois qu’un ami me parle au téléphone de son projet de restauration, nous passons énormément de temps à échanger des anecdotes sur son casque et c’est à chaque fois une nouvelle pièce, une nouvelle histoire, pour ma collection…
L‘histoire de Mr Delmotte qui m’a demandé de restaurer, le casque de son père, Louis Delmotte champion de moto des années 20/30 :
C’est là, ma plus belle rencontre avec un casque…
Louis Delmotte
Maintenant, ce casque est en bonne place sur le bureau de Mr Delmotte Fils.
A coté de la moto de son père, j’ai bien dit dans son bureau !
Voir la page consacrée à Louis Delmotte :
http://www.appeldephare.com/pilots/delmot/delmot35.html
Louis Delmotte avant un départ.
Quand Monsieur Bernard Delmotte m’a confié ce casque à restaurer, j’ai tout de suite senti que j’avais en ma possession un objet d’exception qui avait une histoire à raconter…
Les casques n’ayant pas la parole, c’est donc moi qui vais, avec les quelques éléments dont je dispose, lui faire me raconter son histoire.
Je savais par Monsieur Delmotte, que ce casque datait des années 30, et qu’il avait appartenu à son père Louis Delmotte, pilote moto de ces années héroïques…
J‘avais entre les mains un ancêtre de nos casques, et plus encore , un des tous premiers Cromwell.
Il s’agissait soit, de le refaire entièrement en remplaçant toute la partie en cuir, soit de lui faire une véritable restauration en ne changeant absolument rien.
Après s’être concerté, nous sommes très vite tombés d’accord en choisissant la deuxième option…
J‘ai commencé, en qualité d’artisan, à observer cet objet vieux de 80 ans en essayant d’imaginer non pas l’homme qui la porté, ça, je savais.
J’avais auparavant lu la carrière du pilote, mais les hommes qui fabriquaient ces casques… un ouvrier Britannique a réalisé cet objet …
Casque fait d’une trentaine de pièces de différents matériaux et de cuir.
La première chose que j’ai tout de suite remarquée est que, tout ce qui ne se voit pas est aussi soigné que ce qui se voit.
Reflet d’une époque où l’amour du travail bien fait… prenait toute sa dimension…
La coque de ce casque, qui aujourd’hui est réalisée en fibres de verre, polycarbonate ou carbone est faite pour ce casque, en toile de verre, certainement l’ancêtre du polyester.
Ensuite pour un peu plus de protection, une couche de liège et enfin du feutre.
Le croisillon des sangles est réalisé dans un gros grain solide.
J’ai commencé à démonter toute la partie cuir du casque…
La finition de ce Cromwell est particulièrement soignée, le travail du cuir est digne des grands maroquiniers d’aujourd’hui, les coutures sont soulignées d’un liseré.
Il faut dire que ce casque est dans un état de conservation exceptionnel.
Après avoir vérifié chacune de ces belles coutures, parfois doubles, j’ai commencé à refaire une patine sur cette peau, afin de lui redonner sa souplesse originale.
Ensuite, pour le remontage sur la calotte en toile de verre, j’ai réalisé un cousu main en reprenant tous les trous de montage existant, pas question de repercer cette matière si précieuse, puis pour une finition digne de l’époque, j’ai confectionné une bande de cuir patinée, que j’ai monté sur cette couture.
Sur la toile intérieure, il y a un petit buste brodé en rouge, à l’effigie d’Oliver Cromwell, personnage britannique du 17 ème siècle…
Une dernière patine pour lustrer le cuir et je vais retourner a son propriétaire ce bel objet qui a fait mon admiration tant pour sa qualité que pour son histoire…
Et….merci a Monsieur Bernard Delmotte de m’avoir confié ce travail de restauration ».
Effectivement, chaque casque Cromwell à une histoire, liée tout d’abord aux artisans anglais qui l’ont fabriqué.
Pratiques industrielles proches de l’artisanat.
Reflet d’une époque aujourd’hui révolue.
La noblesse du geste.
L’amour du travail bien fait.
Puis, un casque, c’est l’histoire de celui qui l’a porté.
Cet objet, ce couvre chef a protégé sa tête, renfermant ses pensées et sentiments.
Ses joies en courses et ses craintes.
Le casque, comme son porteur est marqué de cicatrices, souvenir de quelque chute …
Et enfin, un casque est toujours très lié à son propriétaire.
C’est un accessoire très personnel que les motards gardent et ne jettent pas, même quant il est remplacé par un de plus neuf.
Dans un grenier ou accroché dans un atelier nous avons tous nos vieux casques, suspendus avec nos souvenirs…
Lorsque, précieusement, on amène ce vieux, mais cher couvre-chef à Caféleather pour le restaurer, lui redonner vie.
Là, alors, c’est une belle rencontre avec Grenois, un personnage particulièrement attachant et passionné.
Et pour Jean-Luc, ce sera une nouvelle histoire de casque qu’il va écouter attentivement et avec gourmandise avant d’entreprendre la belle rénovation dont il garde… quelques secrets …
Je ne sais pas ce que cela peut coûter… Vous devez contacter Jean Luc Grenois qui restaurait des Cromwell :
la.bastjane@orange.fr
Bonjour Monsieur,j’ai en ma possession un vieux cromwell ,plus vieux que moi j’ai 56 ans,que mon grand frere motard m’avait offert et avec lequel j’ai roulé plus de trente ans,je l’ai laissé chez mon pere pendant 5 ou 6ans ayant arreté la moto ,mais sa maison etait tres humide ! Vous voyez les degats?!?! Je viens de le recuperer dans un piteux etat ,mais j’y tiens beaucoup ,je souhaiterai le faire restaurer ,pourrais je avoir votre avis et une idée du cout de cette eventuelle restauration .par avance merci pour votre reponse .
Cordialement .LAURENT
Bonjour, mon papa est décédé cet été et j’ai retrouvé son casque de moto qui date de 1956. C’est un geno. Quel serait à peu près le prix d’une restauration ? Merci