La 125 Garelli GP d’Eric Martin Lanza
La 125 Garelli GP d’Eric Martin Lanza
Je vous ai déjà parlé d’Eric Martin Lanza dans ce blog, voir :
La moto une histoire de famille
Eric dans les stands Bol d’Or 2015
Cette année Eric a réalisé un vieux rêve en acquérant une machine de grand prix.
C’est une 125 Garelli que l’usine a confié en 1990 aux mains d’Alan Scott.
A son arrêt des compétitions, il reste le dernier pilote Américain de catégorie 125, à avoir fait des saisons complètes. Il faut attendre 2007 pour qu’un jeune pilote Américain le fasse à son tour en 125.
Eric, lui, débute la compétition en 1971 sur une Garelli 50 préparée. Il se souvient :
Déjà à l’époque Marc Balazuc, mon actuel préparateur avait réalisé un pot de détente pour ma Garelli.
Car nous appartenions au même moto club.
« Le rêve de jeunesse devenu réalité« .
J’ai toujours rêvé d’avoir une moto d’usine, que je n’ai jamais pu me payer, et si possible une Garelli.
45 ans après, avec beaucoup de persévérance, je l’ai fait.
Le 21 mai 2016, par un beau samedi de printemps, dans la région Milanaise, nous chargions la Garelli dans mon fourgon.
Une marque bientôt centenaire !
Bien que moins connue que les grandes usines italiennes comme Ducati, Guzzi, Benelli …etc, la marque Garelli va être centenaire ! Adalberto Garelli, pilote de motos et ingénieur l’a créée en 1919, construisant alors un deux temps 500 cc équipé de deux pistons pour améliorer le rendement de l’échappement.
Photographié par Patrick Barrabès ci dessus, la Garelli à double pistons dans sa version 350, présente à la bourse de Régio d’Emillia il y a quelques années !
Etonnant non ?
Sur le circuit de Monza, Adalberto Garelli se montre déjà à la hauteur des meilleurs quatre temps de compétition comme Rudge, Norton, Douglas…
Le train est en marche, Garelli participera aux Compétitions jusqu’en 1926, pour reprendre de plus belle de 1982 à 1990.
Et deviendra parallèlement, la marque aux 170 Records du Monde ! Qui dit mieux !…
Pour réaliser tous ses succès l’usine a su s’entourer d’autres ingénieurs de renom : Emilio Locati de la firme Veglia-Borletti et Monsieur Marelli qui est l’ingénieur de la firme Magnetti-Marelli toujours célèbre actuellement pour équiper en composants électriques d’inombrables bolides et surtout les machines de compétition notamment les Ferrari.
Dans les années 1960/70 les pilotes anglais de 50cc affectionnaient particulièrement les Garelli.
Elles étaient mises au point par de prestigieux préparateurs dans leurs ateliers privés.
Chris Goose était l’un des plus connus, on le voit ci dessus, sur un Garelli 50, prit en photo à Mondello Park, le célèbre circuit Irlandais de 3,5 km, prés de Dublin qui accueille actuellement le championnat d’Irlande Super Bike.
La famille Agrati, des industriels de la région de Milan, déjà dans le monde du deux roues, fusionne avec Garelli en 1961.
Les derniers dirigeants de l’ere Agrati Garelli sont les deux frères Danièle et Marco Agrati.
Et plus particulièrement Danièle patron du Racing Team qui impulsera Agrati-Garelli jusqu’à son plus haut niveau.
Actuellement, à l’instar de Benelli avec Quinjang, des capitaux Chinois ont acheté la licence Garelli et produisent grâce au passé prestigieux de cette marque des scooters 50 et 125 de belle facture et fiables.
La domination des 125 Garelli.
Et pourtant au début des années 80 Garelli dominait les compétitions en 50 cc et 125, gagnant 6 titres de champion du monde de 1982 à 1987, en participant à 75 Grand Prix pour 44 victoires.
Angel Nieto est 3 fois champion du monde en 125, Fausto Gresini en 1985 et 1986.
Le sympathique Fausto Gresini qui assure actuellement les destinées du Aprilia Racing Team en Championnat du Monde.
Luca Cadalora en 1987.
Leurs coéquipiers sont Alberto Geva 1979 (phase experimentale). Emilio Locati 1981 (Compétition Client en Course de Côte). Eugénio Lazzarini Vice Champion du Monde 1982 et 1984. Bruno Casanova Vice Champion du Monde 1987. Luis Miguel Reyes 1988 (7ème GP France P.RICARD). Emilio Cuppini Champion d’Europe 1989 et Domenico Brigaglia. Ezio Gianola. Paolo Casoli. Stefano Caracchi. .
Les quatre mécaniciens du team sont fiers de poser derrière leurs pilotes et leur ingénieur Jan Thiel.
Les Garelli championnes du monde
Les Garelli suivent dans la lignée les Minarelli 125 qui furent championnes du monde en 1979 et 1981, pilotées par le célèbre Angel Nieto.
Au décés de Vittorio Minarelli en 1981, son fils, cède à Garelli tout le département course qui inclus l’ingénieur Jan Thiel, mais aussi son pilote de pointe, l’Espagnol Angel Nieto.
Jan Thiel cet Hollandais, spécialiste de renommée mondiale pour les deux temps de compétition qu’il a développés chez Jamathi, Bultaco, Piovaticci et Minarelli.
Avec lui, le Garelli Racing Team sera 6 fois Champion du Monde en 125cc mais contribuera aussi beaucoup aux succés du 50.
Beaucoup plus tard, il rejoindra son ancien pilote, Fausto GRESINI pour collaborer aux destinées du Team Aprilia jusqu’en 2008 où il prendra une retraite bien méritée.
La nouvelle Garelli fit sa première sortie au grand prix d’Argentine 1982, pilotée par Nieto qui remporta le championnat du monde 125 devant son coéquipier Eugenio Lazzarini.
Eugenio Lazzarini qui n’était pas que pilote avait conçu un cadre monocoque en alu qui équipait ses 50cc.
En 1982 le cadre treillis de la 125 fut remplacé par le monocoque de Lazzarini.
Une 250 Garelli fut aussi construite, elle participe au Championnat du Monde de 1985 à 1989.
Si Angel Nieto avouait ne pas être à l’aise avec ; Maurizio Vitali, pilote italien, effectue de bons résultats comme une 4ème place au GP de Suède et Vice Champion d’Italie.
Maurizio Vitali
Le sympathique Maurizio Vitali veille à présent aux destinées de son protégé, Valentino Rossi (rien que ça!) en matière de casque AGV et de combinaison Dainese.
La 250 Garelli cadre « telaio Moretti » 1989.
Jean-François Baldé avait couru sur une 250 Garelli, en essais qualificatifs comme en course.
La Garelli Grand Prix 125cc 1 cyl d’Eric, appelée « Garelli Alan Scott »
En 1988 : Changement de règlement : la FIM impose le monocylindre.
En 125 cc les Garelli passent au mono. La machine d’Eric est une de celles là.
Eric raconte : Ma moto vient du Musée Morbidelli de Pesaro où elle a été donné par un jeune industriel Turinais, Gilberto Sandretto.
Garelli est objet de culte et de collection.
Elle porte le numéro de course 9.
On la voit nettement sur le célèbre ouvrage « Garelli 80 ans d’histoire » de Danièle Agrati et Roberto Patrignani (archi connus en Italie et d’ou sont extraites quelques images) où on la découvre à la page 102 entre une Minarelli et une 50 Garelli à l’instar de la numéro 33 à la page 151 mais identique à la mienne.
Ma Garelli porte le châssis 004, cette année là 5 exemplaires ont été fabriqués.
Un exemplaire a été détruit complètement dans un terrible accident.
Ma moto porte toujours le timbre du contrôle technique du GP de France au Mans en 1990.
Pièce visible sur le réservoir et que nous avons conservé religieusement.
L’imposant dosseret de selle et le carénage ont été étudiés dans la soufflerie de l’usine Fiat de Turin.
Lors des bourres mémorables pour la première place, souvent entre les deux pilotes officiels d’ailleurs, les Garelli étaient reconnaissables au premier coup d’oeil.
Cette machine même, a été pilotée en Championnat du Monde par l’Américain Alan Scott, pour la dernière fois en 1990.
Elle participe à 10 Grand Prix. Scott avait pour coéquipier Domenico Brigaglia.
L’usine Garelli victime d’actionnaires majoritaires mais étrangers au monde de la moto ferme en 1991.
Magnifique disque Zanzani de 260 mm, la célèbre fabrique italienne.
Le système anti-plongé est typique des Garelli d’usine
Alan Scott
Alan Scott pilote Américain court en 1987 sur une 125 cc EMC dans le Team Anglais Seven UP, puis en 1988 il pilote une 125 Honda et finit 12 ème aux Championnat du Monde.
En 1989 il fera un bon classement en finissant 3 ème au Grand Prix d’Australie toujours sur Honda et derrière Alex Criville qui est premier.
Puis il fait la 9ème place en Autriche.
Cela lui offrira une 10 ème place au Championnat du Monde.
En 1990, chutes, abandon, non qualification… égrènent la pire des années de compétition de Garelli.
La meilleure place de l’année d’Alan Scott sera 15ème au GP Autriche à Salzburg.
Ces mauvais résultats sont en partie à mettre sur le compte de la nouvelle réglementation.
En effet, à partir de 1988, la FIM impose le monocylindre aux 125.
De là, à arrêter l’insolente victoire de Garelli, 6 fois Champion du Monde avec leur bicylindre, il n’y a qu’un pas.
Volonté des lobbies Japonais pour promouvoir leurs motos qui accéderont ainsi à la suprématie ?…
Par manque de temps le modèle n’a pas pu être développé comme il aurait pu.
Jan Thiel nous disait qu’ils se sont présentés au premier grand prix de la saison sans avoir pu passer la moto au banc d’essais.
En 1991 Alan Scott participe au championnat du monde sur une Honda 250cc.
Puis en 1993 : Alan participe au championnat du monde sur une Harris/Yamaha 500cc
A partir de 1994 nous perdons sa trace…
Alan Scott est très peu médiatisé. On sait très peu de choses sur lui …
Jean François Baldé qui a lui même piloté la 250 au GP d’Angleterre en 89 se rappelle vaguement de lui.
Caractéristiques de la Garelli Alan Scott :
Poids à vide : 78 kg. Réservoir : 15 L. Cadre monocoque en aluminium Y05-90. Fourche Forcella Italia. Bras antiplongée caractéristique.
Frein simple disque avant Brembo avec étrier à 4 pistons. Disque avant Zanzani 260 mm, arrière Zanzani 195 mm. Jantes Tecnomagnesio.
Amortisseur arrière White Power.
Pneus Michelin AV 90/80-17 AR 100/80-17
Poignées Domino. Robinet Paioli
Moteur monocylindre d’usine deux temps alimentée par distributeur rotatif.
Carburateur Dell’orto Magnésium. Boite : 6 vitesses.
Bougie Champion N-S502. Boîtier Allumage : Ignitec. Radiateur S.T.C.
Toute la boulonnerie est en magnésium et titane.
Marc Balazuc, dit « Marco » est le préparateur
Marc, un vrai Provençal qui a 70 ans d’expérience ! C’est un mécanicien de moto de compétition, comme il aime à le dire … un vrai.
Marco a participé à la mise au point sur le Circuit Paul Ricard de la moto du record de vitesse de Coluche, en présence de ce célèbre artiste, ce qui n’a pas manqué de provoquer des fous rire mémorables.
Par la suite, Balazuc a été mécanicien des célèbres pilotes Ciotadens, les frères Jean-Jacques et Maurice Coq.
Puis également mécanicien particulier de Alain Isabelli vice champion de France 1980 sur 125 Morbidelli et Tony Casali 1er à Ledenon en 1980 sur 125 Yamaha.
Il réalise plus récemment pour le célèbre pilote de Beausoleil, Joël Malatino, la restauration complète de sa 125 MBA.
Après 5 mois la 125 Garelli est re-démarrée, restaurée, bichonnée elle est prête à affronter à nouveau la piste …
C’est ce que nous espérons voir bientôt …
Avec Eric au guidon…
… Quelques mois plus tard : Hélas ! Nous ne verrons pas Eric au guidon de sa Garelli, mais en photo au côté d’Eugènio Lazzarini,
pilote que nous avons admiré notamment aux commandes de ces machines.
« Mon ami Eugenio LAZZARINI le jockey et moi le géant. Tu comprends maintenant pourquoi je vend ma GARELLI… »
Immédiatement vous pigez, au vu de la taille de l’un et de l’autre, qu’il y a incompatibilité pour Eric à se caser au guidon de sa chère 125 Garelli.
Il y est trop mal dessus et n’a plus 18 ans pour se plier en 4 derrière la carénage !
A Varano Eric à photographié les deux dernières GARELLI qui ont fait le Mondial, la 250 de Maurizio VITALI et la 125 de Alan SCOTT.
Au rassemblement de Varano la 125 Garelli d’Eric pose à côté d’une 350 de 1926.
https://it.wikipedia.org/wiki/Garelli_125_GP