Retour sur la côte oubliée de Roullens
Retour sur la côte oubliée de Roullens, Aude.
Texte et photos de C Camberoque, archives de Gilles Martin , Christophe Durand, Francis Fonvielle.
Et les souvenirs de Jean-Paul Castex, Christophe Durand, Gilles Martin et Francis Fonvielle.
En Juillet 2017, j’avais mis en ligne sur ce blog un article sur la course de côte qui se déroulait à Roullens dans l’Aude autour des années 1980.
Depuis plus de quarante ans, elle était oubliée et je ne disposais alors que peu de renseignements.
Mais depuis 2017, entre temps j’ai rassemblé quelques nouveaux témoignages que j’ai voulu préserver en ces pages en les mettant à jour.
Si depuis peu, j’ai reçu les témoignages de Christophe Durand.
J’ai également recueilli ceux de Jean-Paul Castex et Francis Fonvielle, après avoir fait la connaissance de son fils, Lucas Fonvielle qui travaille pour Vortex.
Voir à http://charlescamberoque.unblog.fr/?p=10543
Une véritable fête de la moto, organisée par le MC de la Malepère, avait lieu au petit village de Roullens pendant le week-end de la Pentecôte.
Et Pentecôte… pour une course de côte … c’était le bon moment !!!
La preuve : plus de 100 engagés en moto et side-cars.
C’est Gilles Martin qui m’avait rappelé cet épisode des sports mécaniques dans l’Aude.
Il y est venu et a gagné à plusieurs reprises. Lorsque j’ai préparé l’article sur lui
Gilles m’a ouvert ses archives. Voir : Gilles Martin du moto cross … et en vitesse !
Ce qui m’a donné envie d’aller à Roullens découvrir où était cette côte.
A ma grande surprise, parmi tous les gens à qui j’ai demandé des renseignements, personne ne se souvenait de cet événement pourtant important pour le village et la région.
Si parmi les lecteurs de ce blog il en est qui ont d’autres informations et des photos de cette course de côte de Roullens, merci de me les faire parvenir.
Cela permettra de compléter encore cet article pour entretenir la mémoire de cet événement sportif.
Souvenirs de Jean-Paul Castex
Avril 2021, voilà enfin un témoignage intéressant que me raconte Jean Paul Castex qui a eu des boutiques et ateliers moto à Carcassonne.
Il se souvient de cette course car il y était commissaire. Il me dit :
» C’était tout une autre époque.
En ce temps là tout se passait à la bonne franquette.
Les pilotes qui souvent étaient des allumés complets, arrivaient dès le vendredi soir dans des vieilles bagnoles et ils campaient.
Il n’y avait pas encore de rutilants camping car, comme aujourd’hui !
Je me souviens d’Etienne Quartararo. Il était déjà un pilote connu et performant qui nous impressionnait.
A la montée du samedi Quartararo est parti en short et t-shirt et il s’est pris une belle gamelle !
Heureusement il n’avait rien de cassé mais il ressemblait à une pizza ! Il était pelé de partout et en sang !
A l’hôpital ils ont du le plonger dans une baignoire de béthadine pour le désinfecter. Il est revenu le soir même.
Le lendemain il a voulu courir, mais pour enfiler sa combinaison ce ne fut pas évident car très douloureux…
Du coup il est resté debout toute la journée sans pouvoir enlever son cuir car cela lui faisait trop mal !
A la première montée il est arrivé second.
A la deuxième il est arrivé premier et au total il a gagné la course ! «
Merci Jean Paul pour ce précieux témoignage.
D’après quelques rares photographies j’ai pu déterminer quelle était la côte choisie pour cette course.
Elle partait de Roullens à une sortie du village, au sud.
Le tracé comportait une douzaine de virages sur une distance de 1700 mètres.
Une sono permettait d’entendre les commentaires et de connaître les résultats sur l’ensemble du parcours.
Internet est un système étonnant qui permet de faire des rencontres épatantes et en plus on peut toujours enrichir ce que l’on y a déjà écrit !
Donc en 2017 j’avais mis en ligne une page intitulée : »La course de côte oubliée de Roullens » mais aujourd’hui je l’appèle : Retour sur la côte oubliée de Roullens
6 ans après avoir mis en ligne cet article pour la première fois , en Aout 2023, je reçois à ma grande surprise un nouveau témoignage sur cette course de côte de Roullens.
C’est Christophe Durand qui me contacte.
Souvenirs de Christophe Durand
Christophe Durand vient de lire mon vieil article et me raconte qu’en 1979 alors qu’il n’avait que 10 ans il avait participé à la course de côte de Roullens.
Hors concours bien sûr mais en partant en premier juste pour une démonstration.
Il était connu en Languedoc et participait ainsi à plusieurs courses de côte en démonstration grâce et malgré son jeune âge !
Il avait tout de même était chronométré en 1’59’’.
Cette même année était présent à Roullens, Marc Fontan, grand pilote français de cette époque était monté en 1’10’’9 mais en catégorie 1000cc.
Ce dernier avait fini second au classement scratch derrière Fontvieille en 1’10’’5
Dans un Moto Revue de 1979 on pouvait lire « qu’un gamin de 10 ans en avait étonné plus d’un ! »
« Comme d’habitude le petit Durand du MC Bédarieux fera une démonstration sur un mini BPS de 50cc.
Avec cinq participations à son actif Bédarieux, Cabarétou, Revel, Navacelles et Narbonne (en Enduro), le jeune Christophe a le mérite de l’assiduité.
En plus de celui de la précocité.
Moto Revue ajoute sur un autre numéro :
« Il négocie comme un grand les différentes difficultés du circuit en promettant qu’il reviendrait bien longtemps encore … »
Après la petite BPS de ses débuts et avant une Yam, Christophe roule sur une Minarelli 50 cc préparée par Gilles Romero de Moto 2000 à Lodève.
Gilles Romero participait aussi à la course de Roullens sur 50cc Kreidler. Il fit la deuxième place 50 CC en 1979.
En 1982, licence en poche il est officiellement engagé sur Yamaha 50cc.
Sur la photo suivante on peut constater que Christophe a déjà un certain et beau style de pilotage.
Cette année là, il sera félicité par Jean Paul Boulze pour ses progrès en pilotage en participant à la course de côte d’Alairac qui sera alors dans la continuité de celle de Roullens.
Jean-Paul Boulze était un pilote audois de Salsigne qui courrait sur un 700 Yam Ow 31)
« Jean-Paul Boulze était un mec qui n’avait peur de rien sur une bécane. Je l’admirais, se souvient Christophe.
A chaque départ il faisait enregistrer le son de son moteur par sa copine sur un simple magnétophone le micro collé au pot d’échappement.
Grâce à cette technique d’enregistrement qu’il écoutait par la suite il cherchait à s’améliorer pour ses futurs départs ».
« C’était tout une autre époque. Disait aussi Jean Paul Castex.
En ce temps là tout se passait à la bonne franquette, les pilotes qui souvent étaient des allumés complets, arrivaient dès le vendredi soir dans des vieilles bagnoles et ils campaient.
Il n’y avait pas encore de rutilants-camping car, comme aujourd’hui !
Et Christophe Durand ajoute : C’était ça Roullens !!! »
Souvenirs de Gilles Martin
Gilles Martin déclarait dans la presse locale :« La course de Roullens est très technique de par son tracé. Le revêtement est maintenant parfait ».
Gilles pilote généreux et spectaculaire cabrait sa machine au départ puis partait en glissade dans tous les virages et se mettait sur la roue arrière dans les lignes droites.
En 1981 pas moins que 4 champions de France de la montagne étaient présents.
Gilles Martin sera second au scratch derrière Quartararo (oui ! le père de Fabio) qui fait une montée en battant les records en 1’08’’105.
Des motos participaient à cette course dans les catégories : 50cc, 125cc, 250, 350/500cc, 750/1000cc et side-cars.
Il est à signaler qu’en 1981 deux femmes courent en 125cc et 250cc.
Si les 50cc montent en 1’24’’341, les 125cc mettent 10’’ de moins.
Mais les grosses cylindrées sont moins agiles que les 350/500.
Gilles vient de m’envoyer les 2 photos suivantes. Merci Gilles !
Sur celle de gauche on peut le voir en chemise rayée à coté de Jeanine Martin, à sa droite.
Tandis qu’à sa gauche, un pilote local, Boulze qui finit 3ème en catégorie 1000 en 1981.
Il était du M C de la Malepère et travaillait à Salsigne.
A la gauche de Boulze : Mariline Véziat qui termina 6 ème en 250.
Sur la photo de droite on peut reconnaitre les conseillers municipaux de Roullens et son maire Monsieur Suarez.
A coté de ce dernier René Carrier est assis près d’une jeune femme.
Qui pourra nous donner plus de précisions ?
Jean Paul Castex se souvient que : « Boulze avait pour prénom Jean Paul et il courrait sur une Yamaha 700 OW 31.
En clair le type de moto qu’utilisaient les pilotes du continental Circus comme le roi Ago.
Sur un circuit c’était déjà délicat alors on imagine sur ce type de tracé de course de côte ! «
La mairie, les conseillers municipaux et son maire M Suarez étaient partit prenante autour de René Carrier de la FFM.
Le Président de L’Entente motocycliste du Carcassès Malepère. Un club comprenant des adhérents très actifs.
« C’est là que nous sommes les mieux reçus, l’accueil est chaleureux » disait Gilles Martin.
Pour 1981 le classement des meilleurs pilotes publié dans la presse locale est le suivant :
Souvenirs de Francis Fonvielle.
Récemment, dans l’atelier Vortex à Pézénas, j’ai rencontré Lucas Fonvielle qui est ingénieur pour cette belle marque de voitures de courses
(voir à http://charlescamberoque.unblog.fr/?p=10543 )
Il m’a parlé de son père qui avait participé à la montée de Roullens en 1979 et 1980.
Avant cela, Francis avait couru la coupe 125 Aspes puis avait participé aux courses promosport en 1977 sur une 400 Kawa KH, des fameux 3 cylindres.
Sur la photo ci dessus, ce n’est pas à Roullens mais sur le podium après une course de la Coupe 125 Aspes au Castelet, qui se faisait en prélude du Bol d’OR
Plus tard il avait couru avec Jean Marc Gomez et avait battu le record du tour du circuit d’Albi devant la crème des pilotes de ces années là.
En 1978, à Roullens, ses débuts en course de côte, Francis Fonvielle avait couru avec une Yamaha à cadre Germain équipée d’un moteur de 250 TZ.
Ce jour là il vécut un duel épique avec Marc Fontan (Vainqueur de la Coupe Kaw et qui en même temps participait aux Grand Prix du Championnat du Monde).
Et Francis Fonvielle avait gagné en 250 sur la côte de Roullens battant même le record de la meilleure monte au scratch devant Fontan qui pourtant courait sur une 350 Yam.
Le journal L’Indépendant publiait un article avec un gros titre à la gloire de Fonvielle (même si son nom est mal orthographié !)
La Dépêche du Midi 23 juillet 1979
Dans la Dépêche du Midi un journaliste précise :
« Francis Fonvielle ne se laissa pas intimider par la notoriété de son adversaire ( M Fontan) et dès le départ il attaqua les virages avec rage
et une détermination seule connue de lui.
Le genou par terre, la moto en dérapage dans tous les virages. »
En 1980 l’Indépendant titre « Fontvielle battu mais toujours vainqueur ».
En effet il fut second derrière Boulze, mais son record scratch de 79 restait invaincu !
Sur l’Indépendant en 1980, le journaliste continue à ce tromper sur l’orthographe de Fonvieille.
Francis se souvient avec émotion de l’accueil à Roullens qui était chaleureux.
Comme il y avait essentiellement de très jeunes pilotes ils étaient tous reçus à la table de toutes les familles du village qui se faisaient un plaisir de les inviter à manger.
Autre personnage qui revient à la mémoire de Francis, c’est Maurice Aubert qui était très connu dans la ligue Moto Lanquedoc Roussillon.
Il était le speakeur des moto-cross mais il venait à Roullens pour commenter la course de côte.
Une voix bien connue, dans toute notre région par les passionnés des courses moto.
Il y a quelques temps, de passage à Roullens, Francis fut surprit car il trouva que la route était bien étroite et la monté bien courte
Plus tard Francis Fonvielle passera à l’endurance. Il participera à plusieurs Bol d’Or et fera le Championnat d’Endurance.
Désormais à Roullens on préfère s’occuper des productions locales.
Le vin de la Malepère est excellent, quand à ce terroir il est aussi réputé pour ses truffes… alors les motos de course…
Désormais à Roullens on préfère s’occuper des productions locales.
Le vin de la Malepère est excellent, quand à ce terroir il est aussi réputé pour ses truffes…
… alors les motos de course…
Comme pour le circuit de Salvaza de Carcassonne que j’ai raconté dans mon livre Le circuit oublié ( voir ci-dessous).
La côte de Roullens risque fort de ne plus retentir au son des mégaphones et pots de détente.
Dommage !