Moto Club des Jeunes Lièvres
Moto Club section Jeunes lièvres
Texte et photos de Charles Camberoque
A André Cambiès et Jeannot Lapasset
Pour accéder au sommaire de ce blog : http://charlescamberoque.unblog.fr/category/sommaire/
Union des Motorisés Audois, section Jeunes lièvres
Je sais bien que l’histoire de la section des Jeunes lièvres de l’Union des Motocyclistes de l’Aude n’intéressera pas grand monde mis à part les vieux jeunes lièvres des années 60.
Mais cela me fait plaisir de la raconter …
Et puis s’il y a des vieux Jeunes Lièvres qui lisent cet article laissez moi un petit message à la rubrique Commentaires… ce serait sympa!
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Nous n’étions pas nombreux. Nous le sommes encore moins.
C’est l’histoire des baby boomers motocyclistes du siècle dernier !
Sur la photo suivante les babys ont vieilli.
Michel, Christian et moi en 2018, lors de la dernière réunion du club … et de la première depuis 40 ans !!!
Au delà des souvenirs de cette période du club de Carcassonne, c’est un peu l’histoire de chacun des jeunes motards français de ces années qui ont précédé le redémarrage de la moto en France.
C’était l’époque où on roulait sur n’importe quoi pourvu qu’il y ait 2 roues et un moteur.
On ne choisissait pas sa machine.
Au départ de Carcassonne nous avions établi une boucle d’une cinquantaine de kilomètres qui passait par Villegailhenc, Salsigne et retour par Conques.
Sur ma Ténor je m’imaginais courir au TT … à un peu plus de 60km/h de moyenne !
Car je me chronométrais !!!
Nous étions une minorité .
Nous avions le besoin de nous retrouver dans ce que nous appelions les concentres.
C’est à dire des rassemblements organisés par les Moto Clubs d’un peu partout dans le pays : des concentrations de passionnés de moto.
Si sur l’image d’avant on voit le bout du nez de ma Ténor, sur la suivante, ci dessus, ou nous partions pour la concentration de Martigues on distingue a gauche de l’image un bout de ma Yamaha parmi les petits 50cc dont beaucoup étaient gonflés, en pot de détente et guidons bracelets.
La Norton 88 est resté une moto de rêve jusqu’à l’apparition des 750 Honda.
Dans notre ville il y avait un moto club créé après guerre et qui rassemblait nos ainés et quelques pilotes de moto-cross.
Ils avaient tendance à prendre de haut les petits jeunes de tout juste 14 ans, équipés essentiellement de mobylettes.
Le secrétaire du club qui était le coiffeur du coin venait nous souhaiter bonne route à chacun des départs, comme ci dessus pour la concentre de Carpentras.
Les dirigeants avaient été des motards du temps de la création du club.
Nous ne les avions jamais vu enfourcher de bécanes mais plutôt se taper la cloche dans les banquets annuels de réunion de ligue ou encore aux agapes de fin de réunion du club.
Nous les appelions les vieilles barbes et ils nous prenaient pour des jeunes chiens fous … à défaut de jeunes lièvres…
J’ai retrouvé des notes que j’avais écrites pour parler à une assemblée générale et ce que j’y abordais résumait bien cette situation au sein du club.
Tôt un matin nous étions parti pour assister à l’AG de la ligue motocycliste du Languedoc Roussillon.
Nous devions nous retrouver à La Vitarelle, un grand restau de routiers entre Narbonne et Béziers et c’était déjà une petite expédition !
Ce restaurant aujourd’hui disparu hébergeait la réunion et offrait le repas et je me souviens avec délice y avoir mangé des palourdes pour la première fois !
A cette période les jeunes gens convenables rêvaient de voitures, de Renault Floride, voire de 4 CV… ou tout simplement de 2 CV.
C’était chic d’avoir sa bagnole.
Nous les amateurs de moto nous prenions un certain plaisir de ne pas faire comme les autres et à nous distinguer des caisseux, des petits minets fils de bourgeois en voiture.
Nous aimions rouler loin bravant les éléments, le soleil, la pluie, le froid, la nuit, le sale temps…
On se foutait des minets bien peignés dans leur boite à roulettes.
A cette époque lorsque sur les routes on croisait un autre motard, ce qui était très rare, on s’arrêtait pour faire connaissance et discuter un moment.
Autre temps autre moeurs !
On ne se saluait pas en levant la patte comme un chien qui va pisser !
Faire de la moto c’était aussi refuser de consommer de l’automobile.
C’était finalement une sorte de posture contre l’embourgeoisement et la société de consommation qui arrivait triomphale dans ces moments d’apaisement de l’après guerre.
C’était le temps des copains et de l’aventure…
Qu’êtes vous devenus les amis Feudon et Piboulot… ?
On était loin, bien loin de ce qu‘est devenu la moto à la mode de nos jours.
Un classement des clubs présent aux concentrations était établi et parfois nous y figurions en bonne place.
Nous ramenions des coupes après y avoir bu un coup dedans.
Ces petites victoires nous soudaient en nous rendant euphoriques.
L’esprit des motards était tout différent, un peu rebelle, anticonformiste, voire avec quelques tendances anarchistes tout a fait irréfléchies.
Ces sentiments étaient confus, non conscients encore moins exprimés clairement … mais à l’arrivée … tous aux bistrot.
Sur la terrasse bien sûr … pour garder un oeil sur les précieuses bécanes… !
La moindre pétoire répudiée au fond d’une cave ou d’une grange nous enthousiasmait.
Je me souviens d’une BMW délaissée du côté de Chalabre.
Elle était enfouie entre vieilles machines agricoles et des ballots de paille remisés depuis longtemps dans une ferme tout aussi abandonnée.
C’était un modèle d’avant la guerre, voire une machine ayant appartenu à l’armée en débâcle.
Cette BM était peut être bien une R75 qui aurait pu encore rouler mais nous étions incapables de la réveiller.
Un autre jour, un camarade de classe m’avait fait découvrir dans une ferme délabrée du côté de Salsigne, une vieille moto, comme il disait.
J’avais à ma grande surprise reconnut sous la poussière, les merdes d’oiseaux et les chiures de rats … une Norton !
C’est à ce moment là que mon rêve pour les machines sportives et anglaises a dû commencer.
La ferme existe toujours mais la moto n’y est plus depuis longtemps.
Elle a dû finir chez un ferrailleur.
En attendant nous retrouvions nos modestes machines à mazout (comme ils disaient dans les campagnes).
Tout contents nous partions ensembles à la queuleuleu sur les routes du Languedoc.
Le point de départ de nos balades était invariablement la place d’Armes, entre la caserne et devant le café Lapasset, siège du Moto club.
Sur la photo ci dessus nous sommes au départ pour une épreuve de régularité, j’ai le numéro 61.
Quand la sortie prévue était avec une destination plus lointaine que d’habitude, nous nous prenions en photo au départ et à l’arrivée.
André Cambiès le responsable et la cheville ouvrière de notre section avertissait la presse pour que nous ayons les honneurs du journal !
Mais avant de découvrir les concentrations nous partions assister à des courses de moto-cross.
Cette discipline connaissait un grand engouement dès les années 50.
Nous ne manquions pas de buts à nos virées : Courses de Laure Minervois, Saint Tibery, Belvèze du Razès, Montréal …
Souvent nous y admirions nos ainés pilotes de l’UMA, Lucien Campet, Charles Delmas ou Roland Alvaro…
Ils étaient nos favoris.
Nous rentrions heureux et couvert de poussière.
Sur mes images on voit le vieux terrain de St Tibery.
Il avait la particularité d’être tracé dans une ancienne carrière qui offrait comme des gradins aux spectateurs.
Et puis il y a eu les Eléphants !
Mythique et inaccessible concentration pour nous, dans l’hiver allemand, sujet de bien de conversations bien au chaud dans le Café Lapasset.
Lorsque les Chamois ont été créés à Val d’Isère et au mois de juillet nous avons bien senti que cette concentration nous était plus accessible.
Elle devenait un objectif qui nous occupait dans de nombreuses réunions préparatoires.
Il fallait trouver le budget, puis un équipement de camping…
Bref encore des heures de rêves dans de joyeuses réunions du club.
Je commençais à prendre des photos de temps en temps mais la pellicule et les développements étaient cher et je préférais investir dans de l’essence qui était encore à 1 franc le litre !
Les Ducati 250 Mark 3 toutes modernes nous impressionnaient surtout avec leur carénage !!!
Au début avec ma 125 Terrot Ténor j’étais considéré comme le gros cube.
Puis les plus passionnés ont acheté des vraies motos. Moi aussi !
Je me rappelle d’Hernandez et de sa belle Panther qui était un poil capricieuse, ce qui l’avait amené à investir dans des Ducati.
D’autres membres du club l’avaient suivi car quelques marchands de vélo s’étaient mis à vendre ces premières motos qui apparaissaient à des prix intéressants.
Je me souviens alors de la 350 Desmo de Christian.
Puis plus tard de sa superbe 125 Maico une machine de course déguisée en routière.
Nous étions presque devenus un club de Ducatistes.
Hélas les marchands de bicyclette qui les vendaient n’avaient pas la moindre notion des opérations d’entretien des belles italiennes et après quelques mois toutes les Ducat cassaient.
Ce qui avait valu à Ducati une mauvaise réputation qui a duré longtemps dans l’Aude.
On commençait à trouver des motos japonaises.
J’achetais ma première Yamaha.
J’avais retrouvé à la concentration de Chambéry 3 autres propriétaires de Yam de Narbonne.
Ci dessus je suis avec mon YDS 3 dans un blouson blanc, privilège des motards qui roulaient sur des japonaises.
On disait que les autres étaient habillés de cuir noir pour cacher les tâches d’huile !!!
Quel bonheur d’être au guidon, de cette 250 YDS 3 et de la faire miauler en montant les rapports.
Concentre à Chambéry, encore une coupe et toute notre joie à la remise des classements.
Je bois la coupe jusqu’à la lie !!!
Les Jeunes Lièvres heureux de brandir leur trophée !
C’est là, en Savoie que nous avions découvert la première 750 Honda et son heureux propriétaire.
Cet évènement avait eu droit à une photo en couleurs !
Pour avoir l’air de connaisseurs il fallait dire : Honda 7 et demi !
Vu les performances de ces 750, on disait que ce n’était pas possible, qu’elles ne tiendraient pas le coup…
Comme les Ducati carcassonnaises. Nous nous étions bien trompés !
Mais pour moi qui aimais les 2 temps le véritable choc fut ma rencontre avec la première 500 Kawasaki 3 cylindres !
Je pensais que bientôt … je l’aurais ma Kawa !
Les premières 500 Kawasaki étaient blanches et à allumage électronique.
Quelques motos plus tard j’achèterai une Kawa noire anthracite avec hélas un allumage à vis platinés bien difficile à régler… à Carcassonne !
Quant au freinage… heureusement que je l’avais bien modifié …
Mais ça c’est une autre histoire…
… En attendant que je vous la raconte la suite, j’ai ressorti mon cuir … mais aurait il rétréci ?
Du coup je pars en chemise …