Courses motos et autos début XXème Siècle
Courses motos et autos début XXème Siècle
Source essentielle : Glica.bnf/ Bibiliotheque Nationale de France
Collection particulière : C Camberoque, Patrick Barrabès, Ramon Oliver Tio.
Pour accéder au sommaire de ce blog : http://charlescamberoque.unblog.fr/category/sommaire/
La plus part de ces photographies semblent correspondre au début du siècle dernier et plus précisément à la période de l’entre deux guerres.
La der des ders était passée et on croyait en un avenir radieux.
C’était un moment de calme après les horreurs de 14/18 et avant la tourmente de 39/45 qui semblait alors tellement inimaginable.
Les progrès de la mécanique représentaient la modernité même, les déplacements individuels, la liberté d’aller où l’on voulait.
Des garages proposaient des deux aux quatre roues, des vélos, des motos, des autos.
Mon grand père, après l’armistice s’était acheté une Ford T chez un vendeur qui devait ressembler à René Forgé, celui de la photo ci-dessus où l’on peut lire sur la devanture : Rabais de 50% pour les militaires.
On ne voit que deux motocyclettes sur cette image et un vélo en vitrine mais devant le magasin les conducteurs des autos sont tous là, tous moustachus à casquette, probablement invités pour être sur la photo.
Le propriétaire de cette belle 500cc a dû aller à coté, dans la librairie où on pouvait acheter la presse de l’époque, Le journal, Le petit Parisien, Les Echos de Paris, Le Figaro et aussi les cartes Tardie pour partir sur les routes avec la Terrot.
Pendant ce temps le photographe a pris cette image où Monsieur Emile Roque pose sous son béret avec sa femme devant la porte de leur magasin.
Ils y vendent de l’essence de la marque Standard et Esso, des huiles Mobiloil et Essolube.
On trouve ici des vélos pour femmes et Emile fait des réparations
Dans cette autre devanture d’atelier le patron et ses employés posent sérieusement sous leur casquette.
Seul un client plus chic à l’air de sourire.
On a autorisé le petit apprenti, le gaffet à monter tète nue sur une moto.
Il semble que dans ce petit garage on soit spécialiste des carburateurs moto et voiture, comme il est écrit de part et d’autre de la grande porte.
1930 : C’était une époque où l’on prenait son temps pour discuter entre voisins.
Les photographes qui avaient des appareils imposants attiraient et captaient toute l’attention des passants.
Un cycliste faisait une halte pour discuter avec Marcel Mounier qui vendait dans sa boutique beaucoup de choses en commençant par les marques de moto FN et Monet Goyon. Un passant vêtu de blanc et en pantalon de golf s’appuie négligemment sur la moto qui est derrière lui.C’est probablement la sienne. Des affiches indiquent qu’on trouve ici des huiles Renault, Castrol et Mobiloil, des pneus Firestone mais aussi des carburateurs Amac.
Peut être aussi des biscuits Lefèvre-utile… pour les petites faim sur la route …
Plusieurs roues de voitures trainent devant la porte, ce qui signifie qu’en ce temps là les routes étaient mauvaises, les pneumatiques aussi et on y crevait souvent.
On est en Amérique…Une frêle jeune femme se promène sur une grosse Harley Davidson.
Elle doit avoir du mal à mettre pied à terre tant elle est petite.
Tandis que Monsieur Pallais, essayeur de chez Terrot s’appuie bien sur son pied.
Il nous rassure sur la solidité de cette moto française, une HSST 350cc…
Dans « Les motos de chez nous » Dominique Pascal précise que nous sommes en 1930
Mais qui a gagné la coupe ? Les petits side-caristes, ou Couturier le mécanicien-pilote fier de ses enfants à qui il avait construit ce petit side.
Deux amis membres d’une même équipe se préparent avec leur BSA pour un grand prix de France.
L’un semble agressif, dominateur, impatient, prêt à partir les lunettes sur la casquette installée à l’envers dans les sens du vent et l’autre plus cool et plus modeste.
Ils ont les deux mêmes motos et on ne distingue l’une de l’autre que par la couleur des pneus. Les uns sont noir les autres sont blancs !
En octobre 1926 l’agence de photographies Rol envoie un de ses photographes sur une course de côte de voitures.
Pendant l’année 1926 l’agence Rol couvre la course de côte de Château-Thierry.
Les photographes se placent non loin de l’arrivée et peuvent ainsi prendre les voitures à la fois de face en montant et de dos avant la ligne d’arrivée.
Parfois les pilotes sont accompagnés par un passager.
Le public endimanché et nombreux est en masse sur les bords de la rue car on est en ville.
Beaucoup ont un programme à la main qui doit donner l’ordre de passage des autos.
La rue n’est pas goudronnée et les voitures soulèvent des nuages de poussière.
Près de la ligne d’arrivée ou est indiqué le nom du journal qui doit sponsoriser l’épreuve: L’écho des sports, les spectateurs sont particulièrement agglutinés.
Il y en a tant que certains sont montés dans les arbres pour mieux voir !
Ci dessus on dirait bien qu’on est sur un circuit. Peut être celui de Montlhéry !
Le virage me fait penser à celui de La ferme…
Pilote et passager semblent en mauvaise passe même s’ils prennent des postures de side-caristes !
Georges_Delaunay porte le n°39 et Isodi le n°38.
Qui sont ils ?
C’est une photo de l’Agence Rol.
Le side n°127 est non identifié mais madame fait le singe avec le sourire !
Tout le monde est bien couvert sous manteaux et canadiennes. On imagine la fraicheur de ce petit matin brumeux.
Sur cette photo de l’Agence Rol, on est le 12 juillet 1922 à un Grand Prix mais lequel ?
Visiblement c’est un mécanicien qui est pris en photo sur la machine dont il doit être le préparateur.
Il est fier de poser et il appartient peut être à une équipe Italienne car la machine est une Garelli.
Toujours à la même date que la photo précédente, en juillet 1922, voilà la photographie d’une équipe probablement d’usine car les motos semblent être les mêmes.
Derrière chaque pilote se tiennent les ingénieurs ou chefs d’atelier. Presque tout le monde est en costard cravate.
L’équipe des mécaniciens Alcyon est affairée à son stand placé comme les autres sur la ligne droite de ce circuit.
Des panneaux indiquent le nom des marques suivi de celui des pilotes.
Des tables en bois sont disposées avec dessous des roues stockées en cas de crevaison.
Dessus les outils bidons d’huile et essence.
Mais sur cette photo on dirait qu’un mécano verse un verre à un type coiffé d’un canotier, cigarette au bec et arborant un tricot avec Alcyon écrit en gros.
Ce doit être le patron… Il tend la main pour saisir le verre…
Le pilote ceinturé de chambres à air, les lunettes baissées sur le menton attend pendant qu’un mécanicien a l’air de s’afférer probablement sur la bougie.
Sur ses hauts talons, un commissaire en pantalon de golf et chaussettes montantes surveille les opérations.
Comme sur la photo suivante à la droite, un photographe sur le bord de la piste règle ses appareils
La piste en terre explique pourquoi ces coureurs de vitesse soient aussi macules de terre que des pilotes de moto-cross.
La plus belles photos que j’ai trouvé est celle de Luis Ramón Marín, un photographe espagnol (1884-1944) très éclectique qui a laissé de nombreuses photos de la guerre d’Espagne, d’avions, de voitures et motos entre autres.
Luis Ramón Marín est considéré comme un des premiers reporter photographe d’Espagne et un des meilleurs !
Ses images de la guerre d’Espagne sont restées clandestines pendant près de 60 ans et après la guerre il n’a pas pu reprendre son travail de reporter.
Ce qui veut dire qu’il n’état pas du côté de Franco…
Sur la photo ci dessus on ressent toute l’atmosphère d’un jour de course, la fumée des motos mais aussi le bruit des moteurs.
La tension des pilotes avant le départ, la poussière de la piste et un spectateur tout endimanché.
Tout est là !
Quelques minutes avant le départ les motos sont presque toutes prêtes, les pilotes parlent avec les officiels et le public ne veut pas en perdre une miette.
Sur les premières places de la grille de départ ce doit être les 500 et un peu plus loin les 350 car elles couraient ensemble.
C’est un jour gris, sans trop de vent, sûrement une fin d’hiver car beaucoup sont sous leur couvre-chef et emmitouflés dans leurs manteaux.
A l’arrière plan on voit bien les stands avec des réclames pour dynamos, magnétos, carburateurs et les célèbres Rudge.
Cette belle photo en plongée laisse voir beaucoup de choses.
Une autre course et une autre mise en grille surement sur un autre circuit qui semble bien un circuit routier quoique on puisse distinguer sur le fond une passerelle.
Mais en ce temps là on installait des passerelles provisoires.
On est toujours en 1922. Il me semble reconnaître une Rudge, une Peugeot, peut être bien une Terrot … qui saura identifier ces bécanes ?
Ce qui est étonnant c’est la grande largeur des guidons qui sont plats ou recourbés vers le bas.
Tous les pilotes ne portent pas de casque. Certains se contentent d’une casquette avec des lunettes.
L’Agence Rol couvrait bien les courses de moto et l’image ci dessus est identifié : on est au Mans en 1921.
On dirait que le départ se précise ou vient d’être donné à l’instant de la photo.
Certains ont l’air de pousser.
Au Mans en 21 il y avait déjà des tribunes ou flottaient des drapeaux Français.
Cette photographie fait tout mon bonheur et je ne peux pas me lasser de la regarder y compris à la loupe.
Une brève légende nous dit qu’on est à Lyon pour le grand prix organisé par le Moto Club.
La moto qui passe sur l’ombre portée d’un arbre est une Peugeot et si son pilote porte des lunettes il n’est coiffé que d’un béret.
Mais le plus extraordinaire ce sont les spectateurs derrière la barrière en bois.
Ce doit être l’été, les femmes sont en robes légères et portent des grands chapeaux pour se protéger du soleil.
On a sorti de la maison les chaises d‘un horrible style Henri II, à la mode en ce temps là.
Sur la gauche on voit deux bonhommes chapeautés en bras de chemise qui tiennent dans leurs mains ce qui doit être la liste des coureurs engagés qu’ils ont l’air de consulter.
Et puis derrière, la maison, volets fermés pour que ne rentre pas la poussière bien sûr, et le pied de vigne bien taillée qui monte sur le mur !
Promesse de bons raisins en fin d’été. Mais vu les feuilles, je dirais qu’on est au printemps.
On pourrait être en 1912 … C’est le Grand Prix de Fontainebleau. Est-ce son clocher qui domine cette rue ?
Il n’y a pas foule, pilote et moto passent devant le magasin de Vins et Liqueurs, plutôt pépère.
On voit une réclame qui précise : Ecuries, remises Garages Autos.
Et si les deux spectateurs à gauche ont l’air blasés la marchande de vin à un geste qui traduit une certaine stupeur !!!
Ramon Oliver Tio, qui est un grand spécialiste du TT, dit que cette photo coloriée est prise à Kate Cottage avant Creg Ny Baa, un virage sur le parcours de la fantastique course de l’Ile de Man.
Et on a là l’image d’un coureur qui « envoie »…
Ce n’est pas comme à Fontainebleau. Voyez la différence de style de pilotage qui rend ici les spectateurs joyeux.
Sur ces deux autres photos on voit les coureurs qui passent devant les foules de spectateurs.
L’enthousiasme était aussi grand au début du siècle dernier que de nos jours.
Merci Ramon d’avoir trouvé et diffusé ces magnifiques images.
Et puis toujours au TT mais beaucoup plus tard, voilà Miquel Simo sur sa 250 Terrot, le grand pilote espagnol, qui y a gagné plusieurs courses mais qui s’y est aussi malheureusement blessé.
Voyez ses bottes et son casque que vous pourrez reconnaître en photos dans l’article que j’avais écris sur lui.
Voir à :
http://charlescamberoque.unblog.fr/2011/11/30/miquel-simo-un-constructeur-et-pilote-oublie/
Le pilote 41 franchit la ligne d’arrivée sous le drapeau d’un commissaire et le regard des spectateurs dans les tribunes.
Que la victoire est belle !
Le vainqueur est porté en triomphe !
Mécanos, commissaires, avec un brassard sur leur manche, public, tout le monde est content et souriant… et même un de ceux qui sont sur la photo précédente, une bouteille dans les mains vient déjà de servir au héro du jour une coupe de champagne.
Ce doit être une grande victoire !
Autres épreuves, les courses de vitesse pure. (Le pilote de la Vélocette ressemble à un des Moneret…) Qui le confirmera ?
Ce pilote est particulièrement bien équipé d’un cuir qui contraste avec les accoutrements bien peu aérodynamiques de beaucoup de coureurs sur circuit de ce temps là.
La machine est équipée d’un tout petit réservoir caractéristique des machines de record de vitesse. Le moteur est superbe.
Sur l’autre photo on a un exemple de la position en limande.
Ce pilote là est en chaussures de ville et on dirait qu’il n’a pas de gants.
Il a l’air de porter un simple pull et des bandes de tissus ou de caoutchouc lui serrent le pantalon au niveau des cuisses et mollets, surement pour être plus aérodynamique…la moto n’est pas équipée de frein avant.
Autre photo d’arrivée d’une épreuve sur route.
La légende ne précise que juin 1922 et « Arrivée de Paris … » on ne saura pas où !
En ce temps là il y avait des Paris Bordeaux, Paris Madrid, Paris Berlin voitures et motos particulièrement redoutables et qui furent interdits par la suite.
Sur cette image tout est fascinant le décor de cette ville mystérieuse avec des gens au balcon, la gueule des spectateurs qui cette fois ne rigolent pas contrairement aux deux pilotes qui ont l’air ravi.
Ils ont des chambre à air autour du cou preuve encore combien les routes non goudronnées devaient être sujet à multiples crevaisons.
Le coureur de gauche a un bidon accroché à sa ceinture mais on ne sait pas si le liquide est pour la moto ou son pilote ?
Les bécanes sont des BSA elles se ressemblent beaucoup ce qui doit vouloir dire que c’est la même équipe.
Derrière la moto de gauche on voit un homme sous un béret noir qui prend des notes sur un calepin. Il a la posture typique du journaliste au travail.
Sur le circuit de l’Eure, en rase campagne un pilote pose avec sa machine, twin en V avec une fourche avant plus sophistiquée que sur les autres motos. Patrick Barrabès identifie le modèle Paris Nice de chez Peugeot.
Ce qui signifie que l’on était avant la première guerre de 14/18.
On peut également constater qu’il y a encore des pédales sur cet engin. Tandis que la transmission est par courroie.
4 spectateurs regardent dont un petit enfant qui jette aussi un œil craintif en se cachant derrière les jambes probablement de son père.
On ne saura pas s’il était intimidé par le photographe ou apeuré par la moto.
Moi quand j’avais son âge j’étais terrifié par le bruit des moteurs de motos qui me faisait partir en courant. Qui l’eu cru ?
Et puis j’ai gardé le plus sympa pour la fin.
Casquette, foulard au coup et cigarette au bec, on sent ce type aux yeux rieurs, marrant, décontracté et sûr de lui.
La Dollar, machine française malgré son nom est magnifique.
Un instant d’éternité !
Merci Christophe Bogula pour ces précieuses précisions !
Je pense que l’image de la Garelli se situe au GP de Strasbourg, et la dollar au GP de l’ACF Montlhèry .