Circuit Daniel Pescheur … souvenirs des Kawa H2
Circuit Daniel Pescheur … souvenirs des Kawa H2
Texte et photos de Charles Camberoque
Pour mieux voir les images, les regarder sur grand écran plutôt que sur un téléphone.
Reproduction interdite sans l’accord de l’auteur
Photo Google earth
A la fin des années 60 les motards parisiens se retrouvaient tous les vendredi soir à la Bastille.
Des courses sauvages se pratiquaient autour de la place sous l’œil outré des passants.
Ils n’y voyaient que blousons noirs inquiétants et types à la mine patibulaire.
Ces rassemblements ont été importants car je crois me souvenir que c’est là qu’est née l’idée de la FFMC et de la mutuelle des motards.
Cette concentration hebdomadaire finit par être déplacée du côté des nouvelles halles de Rungis.
Un quartier en construction.
Les courses reprirent de plus belle pour le plus grand bonheur des fanatiques de motos qui se pressaient le long des rues encore désertes de cette zone industrielle.
Après de très nombreux accidents et plus particulièrement le décès en 1977 de Carole Le Fol, une jeune participante, le circuit qui porte son nom fut tracé (non sans difficultés).
Il est situé à une vingtaine de km au nord de Paris afin de sécuriser ces rendez vous nocturnes et ces courses sauvages.
Pendant ce temps là, à Toulouse aussi, les motards se retrouvaient dans la périphérie, autour des boulevard Eisenhower et du Mirail. Ils disaient on va à Rocade.
Patrick Barrabès se souvient de la foule qui s’agglutinait en des haies humaines des deux côtés des rues.
Tout juste pour laisser passer des bécanes qui roulaient à fond de 5 ème justement pour certaines Kawas 750 H2.
De temps en temps les flics déboulaient pour distribuer des PV.
Ceux qui n’avaient pas eu le temps de s’enfuir malgré les guetteurs qui surveillaient pour alerter de l’arrivée de la maréchaussée prenaient une prune !
« Je ne sais pas comment il n’y a pas eu d’accident car les motos roulaient dans tous les sens.
Une 750 Kawa pouvait arriver à 200 face à des solex qui venaient en sens inverse et qui étaient également de la partie ! » dit Patrick.
C’est donc à cette époque que la municipalité de Toulouse a décidé de proposer une piste ouverte à ces jeunes motards et qui présenterait plus de sécurité …
… en plus du calme pour les riverains.
La construction de ce circuit fut décidé et son tracé sur un terrain municipal à Candie une grande propriété viticole municipale (aujourd’hui il y a plus beaucoup de vignes).
Cela à une dizaine de km du centre de Toulouse.
On peut constater sur les photos Google qu’il y a à Candie des pistes de cross, trial, supermotard et de vitesse dont certaines peuvent fonctionner en même temps.
Une piste pour l’éducation routière est aussi disponible pour les enfants et les écoles.
Depuis 2009, le circuit est sous la responsabilité de la Communauté Urbaine du Grand Toulouse.
La police Nationale, qui a souvent fait preuve de pédagogie pour la sécurité routière, fut chargée d’assurer le gardiennage, l’ouverture et la surveillance de ce site.
Un policier fut désigné pour en être le responsable.
Photo © DR Auto news infos http://www.autonewsinfo.com/2011/12/30/moto-daniel-pescheur-nest-plus-34120.html
On choisit d’y envoyer Daniel Pescheur.
Il n’était pas très bien vu de sa hiérarchie car il n’aimait pas distribuer des PV et faire de la répression sur les citoyens au lieu de les protéger.
Donc ses autorités supérieure l’envoyèrent comme en exil s’occuper du circuit de Candie.
Daniel Pescheur y devint populaire et très heureux avec les amateurs de vitesse et de tout terrain qu’il appréciait.
Cette « punition » fut pour lui un grand plaisir.
Tant et si bien qu’aujourd’hui le circuit porte son nom !
Passionné par les motos il a participé à 18 Paris Dakar comme pilote de 1981 à 1994 puis comme assistant de son fils.
Malheureusement un cancer l’a emporté à 69 ans.
Le samedi 2 octobre 2021je me suis rendu sur le Circuit Daniel Pescheur.
J’étais impatient de découvrir cet espace et d’y voir les 750 H2.
En espérant qu’il y ait aussi des 500 H1 comme la mienne, celle que j’avais retrouvée récemment en photo dans LVM, en vente dans une bourse de Nantes.
Elle roulait toujours !
J’avais acheté cette 500 Kawa chez Gauch, le concessionnaire de Toulouse en 1970.
(Je l’avais payé neuve pour moins de 10 000 francs ! 1600euros)
Quelques années plus tard Patrick Barrabès, jeune mécanicien y travaillerait et montait les motos à la sortie de leur caisse pour les clients.
La mienne était une noire, très rare, car il y en avait eu peu d’exemplaires importés en France.
Je lui avait fait subir par la suite de particulières modifications qui ont fait que près de 40 ans après j’ai pu la reconnaître à ces détails précis.
Parfois je rêve encore que je roule sur cette machine…
Malheureusement, il n’y avait pas de 500 à l’expo du circuit Candie, alors je ne peux résister à publier la mienne sur cette page.
Ah tout ces souvenirs qui remontent ! Une nuit je descendais en Catalogne et j’étais sur la portion d’autoroute qui existait déjà.
C’était un peu nuageux mais une pleine lune éclairait le paysage par intermittence.
Je roulais à fond couché sur ma Kawa en faisant la course avec une Mercedes qui s’accrochait difficilement.
A cette vitesse j’avais la sublime illusion comme de voler, de me glisser entre terre et nuages.
50 ans après je n’ai toujours pas oublié cette impression.
Je n’ai pas oublié non plus qu’a la sortie de l’autoroute ça sentait le cramé et un fusible m’a lâché.
Tout d’un coup tout s’est éteint et je me suis retrouvé roulant sue ma lancée dans l’obscurité !
Cette Kawa avait été améliorée par Pierre Chapus dans son premier magasin de Carcassonne, partie cycle et moteur.
Elle marchait le feu de Dieu, mais en dessous de 6000 tours il n’y avait pas beaucoup de chevaux.
Or pour ne pas faire claquer les bougies et engorger le moteur, il fallait rester au dessus.
De toute façon j’avais au moins toujours 3 bougies dans mes poches.
Ma hantise était d’avoir à traverser une ville au moment des embouteillages parce qu’alors rester dans les tours représentait de rouler à des vitesses très élevées.
Enfin grâce au frein à disque elle freinait … mais qu’est ce qu’elle se tortillant dans les courbes.
Bof… j’avais pris l’habitude…
Mais revenons à cette rencontre des Kawasaki sur le circuit Candie.
Le samedi matin était bien tranquille sans la foule qui, j’espère, est arrivée plus tard.
A l’entrée du circuit on pouvait voir diverses belles affiches concernant des manifestations passées diverses.
Comme une preuve de l’activité intense du moto club.
Des 7 et 1/2 joliment restaurées étaient alignées pour un voyage à reculons, dans le temps.
On aurait dit que Patrik Barrabès venait de les sortir de leurs caisses après les avoir reçues du Japon !
La plupart des heureux propriétaires de 750 montaient un deuxième disque pour disposer d’un double freinage de 296 mm.
Suivant les séries les couleurs changeaient.
Oui ! L’illusion d’avoir fait un bond en remontant le temps était bluffante, tant les peintures et les restaurations semblaient soignées.
La 750 fut produite seulement de 1971 à 1975 dans des couleurs or, bleu, verte et violet…
A Candie, l’heureux propriétaire d’une 350 rouge est arrivé sur une machine parfaitement dans son jus qui me rappelait les premiers temps de la coupe Kawa.
Ces Kawasaki, 250, 350, 400 ,500, 750 de 3 cylindres et 2 temps, étaient refroidies par air.
Les 750 développaient 74 CV, alimentées généreusement par des carbus Mikuni de diamètre 30 et avec une boîte de 5 vitesses.
Ma 500 disposait, elle, de 60 CV.
La puissance semblait phénoménale et arrivait d’un coup.
Ce qui est étonnant c’est que sur les motos modernes qui ont 3 ou 4 fois plus de cv, les moteurs actuels sont tellement souples que moins impressionnants.
Plus tard dans les années 78 j’ai eu une autre Kawa.
Une Z 650 4 temps très civilisée et agréable, comme la verte qui est sur la photo ci-dessus.
Une des dernières qui fut utilisée pour la fameuse coupe.
Avant d’acheter ma 500 Kawa j’avais longuement hésité avec une 750 Honda, la même que sur la photo ci dessus.
Mais la folie et le bruit des puissants 3 cylindres deux temps m’avait fait rêver.
Plusieurs surnoms avaient été attribués aux 500 et 750 Kawasaki : « La moto la plus rapide du monde… entre deux pompes à essence ! »
(10 l aux 100 … minimum).
Mais aussi on la nommait « la faiseuse de veuves » … comme en son temps fut appelée la 1000 Vincent.
La crise pétrolière et les normes antipollution auront raison de sa carrière et sa production s’arrête en 1975.
Sur la sept et demi, la partie-cycle est inspirée de la 500, mais largement améliorée pour encaisser la puissance supplémentaire.
Les tubes du cadre double berceau sont de plus grosse section, le modeste frein à tambour de la 500 à l’avant est remplacé par un disque de 296 mm de diamètre, avec la possibilité d’en monter un second.
Sur les machines présentes à Candie j’ai été surpris de constater que la plus part étaient équipées d’un très grand guidon !
Alors que des bracelets ou des guidons plus plats et plus petits seraient plus adaptés.
Sur le stand officiel Kawa une 400 attendait une restauration bien méritée.
Autre machine utilisée pour la coupe.
Question peinture l’atelier TEAM Z 650 exposait de beaux réservoirs.
Assurément un magnifique travail réalisé par un artisan à : La-Ville-Dieu-du-Temple, non loin de Montauban.
Au fil des ans la 750 s’était légèrement assagie, comme la 500.
Pour un poids de 190 kg on ne disposait plus tout à fait des 74 cv à 8000 tours.
Parmi les motos exposées on pouvait remarquer des pots d’échappement style pots de détente.
Nous avons eu droit à un solo de trois cylindres qui m’a procuré quelques frissons dans le dos !
En circuit comme en course de côte on voyait autrefois beaucoup de 500 et 750 bien préparées y compris certaines très proches de la série.
Plus tard les vertes Kawas de Godier et Genoud, des 4 temps plus sages et évolués firent de beaux palmarès en endurance.
Je profite de cette page pour envoyer un grand salut à Eric Offenstadt et sa 500 photographiés sur le circuit de Charade en 1972.
Ci dessous, Dulcis Simó, la fille de Miquel Simó, m’envoie une affiche pour un rassemblement d’anciennes motos à Vidreres en Catalogne.
Bonjour,
Merci pour cet article enrichissant qui nous permet de nous rendre compte que les pouvoirs publics savaient s’occuper des jeunes « délinquants » de la route mais en général des passionnés qui n’avaient nulle part où pratiquer.
Merci !
SOS rodéo
Bonjour Charles Camberoque,
merci pour cet article qui m’a rappelé de bons souvenirs sur ma Kawa 350 S2 ! La seule que j’ai possédé de cette marque …
Vous présentez de magnifiques photos des 500 cc et 750 cc qui étaient celles que je rêvais d’avoir . Mais, je ne sais plus pour quelles raisons, je suis passé au 4 temps après ma 350 ! Mystère …
Il faut dire aussi que ma 350 présentait quand même quelques défauts récurrents d’allumage et de freinage, c’est peut-être ce qui m’a dirigé vers Honda .
En tous cas merci pour ces belles photos et meilleures salutations .
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