La moto une histoire de famille…
Tel père, tel fils !
Photos : archives Eric Martin Lanza
Texte : C Camberoque
Chez les Martin, on aime la moto de père en fils.
Etienne-Louis et Eric partagent une même passion pour les belles machines.
Eric revêt toujours son cuir pour filer sur sa belle Benelli par les petites routes qu’aimait déjà son père.
Avec l’expérience de ces deux là, on peut survoler plus de 80 ans du motocyclisme en France !
Pas mal non ?
Tout commence à Nice dans les années trente ou Etienne-Louis devient membre du Moto Club.
On le voit sur cette belle photo où l’ensemble des machines sont prêtes au départ pour une ballade dans les petites routes du pays Niçois.
Etienne est sur la photo le quatrième à gauche qui est coiffé d’une casquette.
Sur une image plus récente, Eric, le grand frisé tout à droite de la photo, est fier d’être avec son co-équipier Christian Priou et les pilotes Total de niveau national et international.
Ils sont tous présents sur le Paul Ricard pour le premier Bol d’Or sur ce circuit et pour le 1er Bol d’Argent.
Et il y du beau monde ! Christian Huguet, Jean-Claude Chemarin, Christian Léon, Hubert Rigal, Jaques Luc, Guy Bertin, Roger Ruiz, Jean Paul Boinet, Raymond Roche … etc …
Tous étaient réunis pour la photo à l’occasion du 42 ème Bol d’Or qui se courrait pendant le week-end du 16 septembre 1978, où il faisait encore une chaleur torride !
Pons et Sarron étaient venus se retremper dans l’ambiance des courses d’endurance avec un 750 OW31, avec laquelle ils déboulaient sur la ligne droite du Mistral à plus de 268 km/h.
Le Provençal du 15/09/78 faisait ses gros titres avec les 268 km de la Yamaha !
Tandis que ces derniers jours, Hubert Rigal commente sur Pit Lane (qui a emprunté la photo du groupe ci dessus, ou il figure),
les performances d’une Yamaha OW31 de Sonauto qui aurait atteint ce jour là, en 1978 la vitesse de 296 km/h…
Qui croire…??? Le Provençal ou Rigal ?
Etienne sur sa première moto pose sans savoir que la photo sera vue plus de 80 ans plus tard par des milliers d’internautes…
Très tôt Etienne a encouragé son fils Eric qui même tout jeune sur sa mobylette adopte une position très racing !
Il lui a procuré un 50 Garelli pour ses débuts en compétition.
Eric fréquente assidument le Circuit Paul Ricard où il est photographié, un peu plus tard sur son Garelli en compagnie d’Alain Isabelli, vice champion de France 125 sur une Yamaha et une Morbidelli.
Nous verrons les Martin, Eric et son père sur les circuits et côtes de la région… et même plus loin en France !
Sur cette photo récente, ci dessus : Eric et son ami Daniel Flamand, concessionnaire Scuderia Moto, Benelli et MV pour le Var.
Ce sympathique et dynamique, concessionnaire engage plusieurs machines, chaque année et participe au Dark Dog Moto Tour.
Daniel est rien moins que l’ancien mécanicien du Team Chas Mortimer pour le pilote Japonais Katayama.
On est bien loin des ballades dans la neige d’Etienne et ses amis qui semblaient bien se marrer en se préparant à aller rouler par les routes rarement enneigées de la Côte d’Azur…
… En Juillet 1934 le Moto Club d’Etienne est invité pour de joyeuses agapes sous les frondaisons niçoises.
Le diner est offert par un Moto Club Italien… On savait vivre en ce temps là !
Le temps est passé, l’équipement et les motos ont évolués.
Des ballades entre amis d’Etienne, on est passé aux bastons d’Eric sur circuit avec une 750 Kawa H2 ou une 1100 Yamaha.
En 1962 Etienne avait photographié le Grand Prix de la ville de Marseille qui se déroulait dans le Parc Borely.
Eric se souvient de son père:
« A l’âge de 13-14 ans, il m’amenait humer l’odeur de l’huile de ricin au GP d’Avignon sur les allées de l’Oule, où j’ai découvert pour la première fois les 500, Linto, Matchless , Aermacchi, et Mondial en 125. Mais aussi, les courses internationales de moto-cross à Pernes les Fontaines où à Plan d’Orgon avec les Puch, Maico, Zündapp ».
Etienne se prépare à une virée sur sa 250 Mz.
En 1976 Eric va entrer en piste sur sa Kawa encore proche de la série. Sur la gauche de la photo on peut voir la Honda d’Antoine Paba.
Eric fidèle à Kawa avec la 750 où la 350 S2 et le mythique FIAT 238 pour sillonner la France … toute une époque !
Sous son Altus avec ses Climax, (j’avais le même équipement !) Eric porte le N° 6 et attend sagement le départ à la course de côte de St Antonin (Aix en Provence).
De retour d’une ballade dominicale, Etienne, son frère Jean et leurs amis en grillent une …
Sur le Paul Ricard, Eric prend le départ sur la 750 Kawasaki H2 N°61.
Les départs se faisaient encore à la poussette…
… Tandis que sur le Circuit de Nogaro, Christian Priou est au panotage de son ami Eric…
… Christian Priou qu’on voit ci dessus, faisant équipe avec Eric en endurance.
Etienne Martin, sur une 250 Monet Goyon et ses amis vont prendre le départ pour le rallye, Nice Gènes Nice, en 1939.
En 74 Etienne bichonne la 350 Kawa S2 de piste d’Eric et l’accompagne sur les courses.
Eric raconte :
« Pour la petite histoire, je possédais la réputation de pilote régulier, de ceux qui chutaient le moins souvent.
Membre du Moto Club Paul RICARD et vivant à une demi-heure du circuit, j’étais considéré comme un des meilleurs dans ma catégorie sur cette piste.
J’ai passé ma jeunesse sur ce plateau calcaire et rocailleux …
… Mon père, loin de me décourager de pratiquer la compétition (tout le contraire de ma mère) me faisait remarquer qu’il trouvait que je manquais de mordant et paradoxalement m’encourageait à prendre plus de risques; il trouvait que je pilotais trop propre et que j’assurai trop ».
Etienne et son frère Jean étaient amateurs de sides-car.
N’est elle pas belle cette photo qui traduit toute une époque ou la vie semblait encore douce… mais entre deux guerres.
Toujours dans les années trente, Etienne court dans un Rallye.
Eric, lui, participera, mais 50 ans plus tard, aux courses de côte.
On le voit ici avec le N° 101, à la course de côte de Pasques prés du circuit de Dijon Prenois.
En Septembre 1978, Eric court le premier Bol d’Argent sur le Circuit Paul Ricard grâce à son co-pilote Christian Priou et à Sud-Ouest Moto Libourne.
En 1936, c’était le front populaire et les congés payés.
Le 16 Aout, Etienne faisait le passager pour son ami, Louis Riboldi qui pilotait le side BSA 600
au Grand Prix Moto de Vintimille.
Etienne, toujours la grande classe derrière ses lunettes cerclées pose avec ses copains à l’arrivée d’un Rallye.
Des balades dans les Alpes de Haute Provence pour Etienne et ses copains.
La course et rien que la course pour Eric, grand habitué du Circuit du Castellet qu’il connaît comme sa poche.
Depuis une fenêtre du bar-restaurant « Chez Yette », en 1930, Etienne saisit la superbe photo d’un side qui tourne sur le circuit urbain de Hyères.
Belle image avec un jeu de découpe entre les ombres et la lumière sur la chaussée.
Sur le circuit de Bugatti en 1978, Eric, le N° 37, remonte le couteau entre les dents suite à un très mauvais départ.
Eté 36, Etienne est sur le circuit de Vintimille et il n’est pas le seul, vu le public qui se presse sur les trottoirs au bord même du circuit urbain.
Etienne continue de rêver sur les bords de la piste à Vintimille.
Tandis qu’Eric sur les circuits, réalisera probablement les songes de son père.
Mais Eric est « fier de son père, car hormis, ses performances en moto, c’est aussi un grand skieur et un sportif accompli ».
Side-car à Vintimille photographié par Etienne et son Leica.
Formule de promotion Honda 400 N pour Eric pendant le Gp de Suisse au Paul Ricard.
Ravitaillement et changement de pilote, pendant une course d’endurance pour Eric et Christian Priou de la Garde Républicaine, son équipier de toujours.
C’est Albert Carlier, mécanicien de la moto qui assure le ravitaillement.
Théa Martin Lanza, la mère d’Eric sur sa Vespa Italienne de 1950.
(Mon père avait la même Vespa sur laquelle il me promenait, entre ses bras. Debout sur le tablier ma tête dépassait tout juste du guidon pour mon grand bonheur. Le plus drôle c’est qu’Eric a exactement le même souvenir !!!)
Etienne, Eric et sa soeur sur la Lambretta paternelle en 1958…
En 1973, Laurette, la soeur d’Eric n’hésite pas a rouler sur la 350 Kawa S2.
…Dix neuf ans plus tard… le petit Eric a bien grandi et a pris le guidon de sa 750 Kawa, à Montlhéry en 1977.
Etienne était devenu l’ami de beaucoup de pilotes de l’époque, comme Jean Behra ( Champion de France moto) qui avait commencé à moto sa carrière de pilote international.
Jean Behra a l’arrivée d’une course sur la moyenne corniche pose pour la postérité. Etienne est à la table de chronométrage, crayon en main.
Etienne-Louis Martin participait à des Rallyes, comme Nice-Milan-Nice et autres qui se courraient sur route ouverte.
Pour cela, Etienne, en tant que pilote professionnel avait des contrats avec des marques comme les célèbres motos Rudge et Monet Goyon, ou la firme Texaco…
Etienne-Louis Martin, lui aussi ramènera des coupes et trophées. Sur la photo ci-dessus on le voit prendre un départ de rallye sous la pluie en 39.
A droite de l’image en noir, ci dessus, Etienne va prendre le départ du Rallye de Printemps 1939.
Eric savait de qui tenir car lui également a pu bénéficier de l’aide considérable de l’Hôtel Sofitel de Marseille, représenté par son Directeur Jean Louis Chadel.
Etienne a roulé à moto jusqu’à la fin de sa vie.
Bien malade, il a également, et tant que ses forces le lui permettaient, accompagné son fils sur les circuits et courses de côte.
Il conduisait la voiture qui tractait la remorque et les motos, car à ses débuts Eric n’avait pas encore l’âge de conduire les autos.
Plus tard avec son ami Joël Philibert, talentueux pilote Kawasaki, ils se rendront ensembles sur les circuits.
Cette simple histoire de complicité entre un père et un fils me semble bien belle et exemplaire.
Probablement parce qu’elle est avant tout, celle de deux champions de moto et aussi car elle est tellement différente de la mienne…
Finalement je dois avouer … que je t’envie un peu Eric…
Parfois les taches du temps, les déchirures, deviennent elles aussi comme un témoignage.
Conservons ces précieux souvenirs et ces photographies qui souvent jaunissent accrochées sur les murs d’un atelier.
Les confier au net en racontant toutes ces tranches de vie me semblent être une façon de ne pas oublier…